Un centre ville bien réalisé et favorable aux déplacements actifs
Saint – Doulchard est un territoire péri-urbain qui s’est fortement développé au XXe siècle. Elle a su durant cette période se doter d’un nouveau centre ville relativement bien fait.
Ce nouveau centre, a été développé autour du nouvel hôtel de ville. Il est relativement dense et urbain avec notamment des petits immeubles et est doté de services et commerces de proximité avec un bureau de poste, des banques, un tabac presse, une boulangerie ou encore un petit supermarché. De plus il n’est pas très éloigné de services comme la piscine, la médiathèque ou le collège.
Il reprend les codes d’un centre urbain où les déplacements actifs comme la marche à pied ou le vélo mais également le bus ont toute leur place du fait d’un environnement mixant les fonctions (habitations, commerces et services) sur des distances raisonnables.
En effet de nombreux résidents, que ce soit en appartement de type HLM ou habitant un pavillon avec jardin peuvent facilement se rendre à pied jusqu’à ce centre pour faire leur courses et bénéficier des nombreux services. Ce centre n’exclut pas non plus la voiture car il propose des parkings.
Ce centre a été récemment refait, rénovations qui ont accentué son caractère urbain et favorable aux déplacements dit actifs.
Pourtant depuis quelques mois, cet urbanisme bien pensé ayant permis l’émergence d’un centre ville reprenant les succès d’un centre ville historique est concurrencé par la constitution anarchique d’un nouveau centre basé sur le tout automobile.
L’émergence d’un centre de vie moche et anarchique, domaine du tout automobile
En quelques mois, le long de l’ancienne nationale, domaine du commerce automobile, du bricolage et de l’hypermarché, se constitue de façon totalement anarchique un nouveau centre de vie constitué de commerces « de proximité ».
A force de promouvoir le règne du tout voiture et du parking, des hangars bien peu esthétiques et hébergeant du commerce dit « de proximité » sont en train de s’installer sans réflexion le long de cette ancienne nationale. Boucher, coiffeur, boulanger, supermarché, banques ou clinique vétérinaire s’implantent sans logique autour de giratoires fleuris arborant fièrement deux étoiles aux concours des communes fleuries.
Notre ville, comme de nombreux endroits de notre territoire enviés pour son esthétique, est en train de céder rapidement aux sirènes de la facilité automobile et de la mocheté urbaine. Il n’y a plus qu’un seul concept qui prédomine : « parking gratuit ». Tous, clients, commerçants et élus, copient un modèle venant d’outre atlantique basé sur le seul règne de notre chère automobile.
Oubliés les grands discours écologiques, de bien être en société, de mieux vivre ensemble, de solidarité et de proximité, d’urbanisme favorisant les déplacements actifs… désormais nos vies se dérouleront le long de notre ancienne nationale menant à Tours.
Personne (si ce n’est nous) pour s’émouvoir de cette vie triste et sans ambition, la facilité à gagné sans tenir compte des effets néfastes sur le long terme. Peu importent les conséquences négatives de cette anarchie, c’est l’autre qui les subira. Et même si l’autre c’est moi, on trouvera toujours un bouc émissaire à ces choix sans réflexions.
Même le meilleur ouvrier de France semble heureux d’installer sa boucherie à côté d’un loueur de pelleteuse et en face de pylône électriques, le tout animé par des flots d’automobiles.
Pourquoi s’émouvoir de cette nouvelle vie dans ce nouveau centre ? Il n’y a que les aigris du vélo, bobos vivant dans un autre monde pour critiquer cela.
Soyons heureux car comme dit le site internet de la ville de Saint – Doulchard, « la ville privilégie un développement harmonieux en maintenant l’équilibre entre dynamisme économique, cadre de vie chaleureux, activités sportives et culturelles nombreuses. Une commune où il fait vraiment bon vivre et travailler ».
Avant à Saint – Doulchard on respirerait le bonheur. Aujourd’hui ce sont les gaz d’échappements. Les temps changent que voulez vous…
Photographies de la centralité urbaine de la seconde moitié du XXe siècle
Quartier multifonctionnel mélangeant les fonctions résidentielles (petit immeuble avec logements sociaux, pavillons jumelés, pavillons avec petits jardins), les fonctions commerciales (pharmacie, petit supermarché, banques, tabac presse) et les fonctions de services (mairie, Poste).
Les rues sont limitées à 30 avec de nombreux passages piétons, des largeurs de rue permettant un apaisement de la vitesse et des trottoirs agréables et pratiques.
La place de la mairie incite à la rencontre sur un large espace piéton avec de nombreux bancs pour s’asseoir, une fontaine et des végétaux agrémentent l’espace.
Les parkings autour de cette centralité faisant la part belle aux piétons sont proches, nombreux et bien indiqués.
Le bus et le vélo n’ont pas été oubliés avec un arrêt de bus et des arceaux vélos en de nombreux endroits.
Même l’entrée du petit supermarché est agréable et faite pour la rencontre. A noter la présence d’arceaux vélo devant chaque lieu de vie du centre ville (sur la photo suivante, ce sont les mains dessinées dans le métal).
Photographies de la centralité urbaine de la première moitié du XXIe siècle
Un grand giratoire fortement fréquenté, notamment par des camions fait office de centre de la nouvelle centralité. Malgré des aménagements cyclistes (bandes cyclables) et piétons (passage piéton), ce carrefour est clairement favorable au tout automobile.
Les aménagements vélo proposés ne sont pas en adéquation avec la fréquentation des lieux : Mon Cher Vélo a beau être un grand partisan des bandes cyclables, il faudrait ici proposer une piste en site propre, séparée physiquement de l’important flux automobile, des vitesses pratiquées et de la forte présence de poids lourds.
Le piéton et le cycliste n’ayant pas sa place ici et doit slalomer entre les candélabres. Les bandes cyclables ne sont pas un aménagement approprié sur un axe passager comme celui-ci avec des vitesses excessive et le grand giratoire dissuade la plupart des cyclistes.
Les trottoirs sont réduit par endroit, coupé par de nombreuses entrée de commerces et avec des revêtement peu approprié par endroit (gravillons). Les passages piétons sont peu nombreux et dangereux vu le nombre de véhicules transitant par ces deux axes. Les automobilistes n’ont clairement pas l’habitude de voir des piétons à cet endroit et il est très périlleux d’oser traverser les voies.
Urbanistiquement, c’est un mélange de zone artisanale le long de route à fort trafic automobile, de pavillons implantés le long de ces axes, de lotissements et maintenant de commerces qui s’implantent au gré des opportunités (destruction d’ancien pavillon, transformation de hangars industriel et artisanaux…).
Il est évident qu’il n’y a jamais eut de réflexion urbanistique à cet endroit, les implantations se sont faites les unes après les autres sans qu’aucune attention particulière ne soit portée au devenir, à moyen et long terme, de cette zone et au projet qu’on voulait y porter.
Les commerces cherchent maintenant à être visibles depuis la RD2076 (route d’Orléans), axe reliant le centre ville de Bourges à la commune de Saint Doulchard et irriguant principalement ces zones commerciales.
Une implantation par l’automobile et pour l’automobile. Il s’agit aussi de capter les nombreux pendulaires (personnes faisant les trajets domicile – travail matin et soir) résidant de plus en plus en 2ème et 3ème couronne et travaillant sur l’agglomération, des personnes dépendant totalement de leur voiture et qui transitent chaque jour par cet axe.
Un boucher Meilleur Ouvrier de France qui a un magasin dans le centre ville de Bourges en ouvre un deuxième ici. Il sera idéalement placé entre un loueur de matériel de bricolage et de jardinage et un hôtel… et en face d’un poste électrique.
Le drive alimentaire se trouve derrière un vendeur d’automobile et à côté d’un magasin d’entretien de la voiture
Posé sur un gazon bien vert, la clinique vétérinaire côtoie le laboratoire d’analyse médicale, un agent immobilier, une banque et un constructeur de pavillon individuel, tous bien visibles depuis le « giratoire centre de vie ».
La campagne contenue au sein du « rond point centre de ville » voit défiler le flot de voiture faisant la navette entre la deuxième et troisième couronne résidentielle (qui a augmenté considérablement sa population ces dernières années) et les zones d’emploi qui se situent pour la plupart désormais le long des grands axes et de la rocade. Une ville faite pour le tout automobile mais qui se croit encore verte.
Le piéton et le vélo font que pâle figure dans ce monde de l’étalement urbain et de la voiture. Ici, même si les aménagements étaient bien faits (ce qui est loin d’être le cas), ces usagers n’auraient de toute manière pas leurs places du fait d’une ville lâche et sans trame urbaine viable qui n’est pas faite pour eux.
Une zone mange l’autre et c’est le plus gros qui gagne
Pour tout vous dire, cet article était dans nos tiroirs depuis le 15 mars. Sa publication a été précipitée par ce que nous avons récemment lu dans le Berry Républicain : il y était annoncé que le centre commercial du centre ville, un intermarché de 800m² allait fermer ses portes pour reporter son activité sur le « nouveau centre ville », le long de la route d’Orléans. Mise en avant, la question de la concurrence de ces zones commerciales face à laquelle le gérant de la petite structure de proximité dit ne plus pouvoir tenir.
Cela dit M. Lavrat, gérant de la structure, n’a pas honte de falsifier la vérité pour tromper l’opinion en se plaignant d’une concurrence à laquelle il participe lui même, voire qu’il accentue.
Il est en effet à l’origine de la création de l’Intermarché de la route d’Orléans (où sera a priori déménagée l’activité de celui de Saint Doulchard centre ville), est le propriétaire du Netto de Saint Doulchard (800m², rue Boulle, dans la zone d’activité) et va monter le gros supermarché de la route de la Charité à la place de l’ancien Atlas (évoqué dans le Berry Républicain du 20/10/14)…
Si on est pas en flagrant délit de mauvaise foi…
Voilà qui illustre parfaitement le problème que nous soulevons ici : non mesdames et messieurs les élu(e)s, zones périphériques et services de proximité ne sont pas compatibles et le premier fait du mal au deuxième : « ce sont plutôt les grandes surfaces qui sont en train de se faire de la concurrence entre elles » analysait de façon très pertinente (pensait elle) Mme Serre alors adjointe au commerce de Bourges dans le Berry Républicain du 05/05/13. Bien vu madame, quelle clairvoyance !
Non les nouveaux m² commerciaux périphériques sur l’agglomération de Bourges ne créent pas d’emplois et de croissance. Ce n’est pas complémentaire au centre ville et à la proximité, ça le détruit.
Des élus schizophrènes et qui ne comprennent pas grand chose aux enjeux
Mais ce qui nous scandalise le plus, ce sont les propos tenus par Mme Campagne, adjointe à la mairie de Saint Doulchard. Elle se dit « offusquée » par la nouvelle elle qui avait obtenu une promesse de la part du gérant de maintenir son activité de proximité.
… mais comme chacun le sait, les promesses n’engagent que ceux qui y croient…
Aussi rappelons que Mme Campagne a donné son avis favorable pour l’implantation de 39571m² de projet commerciaux sur l’agglomération de Bourges en 2013, 2014 et 2015. En deux grosses années, Mme Campagne a donc donné son avis favorable à l’équivalent de 50 Intermarchés du centre ville de Saint – Doulchard.
Mais la situation est loin d’être unique. A Saint Germain du Puy, c’est le Carrefour Contact qui menace de fermer ses portes au profit de celui installé route de la Charité*. Et les élus de Saint Germain du Puy de s’indigner de cette fermeture, montant au créneau en portant une pétition demandant le maintien de l’activité.
Dans le courrier adressé au directeur du magasin, M. Camuzat, maire de la commune, s’indigne lui aussi que l’enseigne ne tienne pas sa promesse, décision de CDAC écrite à l’appui.
Mais si seulement M. Jolivet et M. Camuzat, représentants de la commune à la CDAC (Commission Départementale d’Aménagement Commercial) n’avaient pas eux aussi donné leur aval pour la construction de 34320m² de surfaces commerciales sur l’agglomération (dont 7000m² rien que sur la commune) entre 2013 et 2014, on en serait peut être pas là ! Mais ça ce n’est pas précisé sur la pétition…
Comment ensuite s’offusquer que les commerces de proximité ferment les uns après les autres ? Car oui, Mme Campagne, M. Jolivet, M. Camuzat, mesdames et messieurs les élus : ce n’est là que le début.
Votre politique d’urbanisme déplorable commence à montrer son vrai visage.
Adieu promesses d’emplois, inaugurations de centres commerciaux flambants neufs, implantations à la pelle, taxes locales en tout genre….
Bonjour fermeture de commerces de proximité, mécontentement des administrés, dégradation des équipements, abandon des centre bourgs, radicalisation de l’opinion…
Même aux Etats Unis, pays de la surconsommation qui a inventé les « malls », temples du commerce où l’on se rend en grosse cylindrée, le modèle ne plait plus… en témoigne ce reportage diffusé le 18 mars 2015 sur France 2.
Comme le disait le magazine Slate début 2015 « que la bulle de l’immobilier commercial vienne à exploser et les déconvenues risquent d’être grandes. Alors, il sera peut-être temps pour les élus de se rappeler que c’est dans les villes dont le centre était malade que le FN a réalisé ses meilleurs scores aux dernières municipales. En attendant, et jusqu’ici, tout va bien… »
Les élus nous diront « mais on ne peut pas refuser… on a pas le choix ». Pourtant certains projets sont rejetés en CDAC. Prenons l’exemple de l’Intermarché qui souhaitait s’installer aux Danjons (dans le Berry Républicain du 23/09/14) qui a été refusé en CDAC…
Celui ci présentait pourtant un intérêt certain pour ce quartier qui a accueilli beaucoup de logements ces dernières années et ne disposait pas de surface alimentaire. C’était de loin l’un des projets les plus logiques qu’on ai vu en CDAC depuis des lustres** !
Prenons également l’exemple du projet De Varye à Saint Doulchard qui devait voir le jour en même temps qu’Avaricum ce qui compromettait grandement la réussite de ce dernier. Comme nous l’a fait savoir M. Lepeltier alors Maire de Bourges dans un courrier en 2013, il avait « obtenu du promoteur qu’il retarde son projet jusqu’au démarrage d’Avaricum ».
Comme quoi quand on veut on peut.
Ça fait des années qu’on vous le dit mesdames et messieurs les élus : une bonne politique de transport est d’abord et avant tout une bonne politique d’urbanisme. Vos choix en matière d’aménagement commercial sont mauvais (et guère meilleurs en matière de logement soit dit en passant) : ils détricotent notre territoire en favorisent le tout voiture et le mitage de nos villes.
On en parle régulièrement sur notre site (ici, là et là), dans la presse ou à l’occasion d’événements (là ou là) depuis 3 ans, il serait peut être temps de nous prêter un peu d’attention !
Mais nous sommes très certainement à vos yeux des bobos sans connaissance des enjeux et des choses de la vie, la vraie, celle que ceux qui vivent en voiture parce qu’ils n’ont pas d’autre choix ou qui ont des responsabilités d’élus connaissent. Des préoccupations qui ne sont pas celles d’une élite qui a la chance de vivre en centre ville et de pouvoir aller travailler à vélo.
N’empêche que les événements nous donnent malheureusement raison.
* article à venir dans les prochains mois à ce sujet sur notre site.
** ceci étant, le projet était illogique sur sa taille et sa forme urbaine (pas son emplacement) : projet trop grand, trop automobile et ne pouvant constituer véritablement un centre de quartier
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Liens
Voir le détail des décisions en CDAC de 2012 à 2015
L’existence d’une bulle immobilière liée au centres commerciaux est désormais admise par tous et inquiète particulièrement en île de France comme l’indique l’Institut d’Aménagement et d’Urbanisme dans un article de décembre 2013
A lire aussi sur notre site
> Comment un mauvais urbanisme favorable au tout voiture et à sa dépendance accroit les phénomènes de précarité énergétique
> Décryptage du projet d’agglomération de Bourges Plus et de son urbanisme « raisonné »
Nouvel Inter’ Mousquetaires St-Doul’. Deux fois que je m’y arrête faire quelques courses. Rien pour poser le vélo, aucun arceau pour le cadenasser. La troisième, s’il y a, eh bien mon biclou m’accompagnera dans le magasin…
Bonjour, je viens de lire votre article ci-dessus, qui m’a fortement intéressé !
En effet, je vis à La Perlotte, sur la nationale, zone oubliée de St Doulchard, et j’ai fait une demande d’aménagement de la route pour pouvoir rejoindre l’arrêt de bus le plus proche ( rte de Varye) en toute sécurité. Ma fille rentre au collège dans 2 ans, et je m’y suis prise en avance pour faire cette demande afin que ce projet soit prévue dans les futurs budgets d’aménagement urbains. J’ai aussi évoqué le fait de pouvoir rejoindre la rocade verte, à pied ou en vélo, en toute sécurité.
Après une réponse « engagente » à mon mail de la part de la mairie, celui-ci a été transféré au conseil départemental pour demande d’accord.
Le conseil départemental a accepté ma demande sous responsabilité financière de la mairie.
Suite à cela, Mme CAMPAGNE m’a convoqué dans son bureau, pour me faire part du refus de ma demande. En m’invoquant des arguments inappropriés et sans aucun sens.
Voyant mon mécontentement et ma détresse par rapport au transport de ma fille au collège, elle m’a dit qu’elle reverrait ma demande avec le maire et me tiendrait au courant avant la fin de l année.( 2016)
Nous sommes en février 2017 et je n’ai aucune nouvelle.
Si vous avez la possibilité de m’aider dans ma démarche, ce n’est pas de refus, car je ne compte pas baisser les bras, quand je vois les sommes dépensées pour tous ces commerces sur la route d’oréans.
Vous pouvez me répondre sur mon adresse mail ci-dessus.
Merci d’avance