Les zones de trafic apaisé

Une zone de trafic apaisé est un ensemble de rues dans lesquelles des conditions de circulation particulières existent. Par « particulières » entendez « une limitation de la vitesse maximale autorisée inférieure à 50km/h et une interdiction formelle de se conduire comme un imbécile si l’on est derrière un volant ».
Les zones de trafic apaisé invitent en effet à un meilleur partage de la rue et à une cohabitation heureuse entre les différents usagers qu’ils soient piétons, cyclistes ou automobilistes. Le code de la route recense 3 zones de ce type.

Nota : à ce sujet, nous vous conseillons l’écoute d’une émission qui a été diffusée sur les ondes de RCF en Berry en décembre 2013 et qui traite et explique les différentes facettes des zones de traffic apaisé… écouter l’émission en cliquant ici.

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Zone 30 & double sens cyclable (DSC)
Une zone 30 est une série de rue composant la plupart du temps un quartier (une simple rue ne saurait représenter à elle seule une zone 30) dans lesquelles la vitesse est limitée à 30 km/h. Dans l’idéal, les rues doivent être aménagées de façon à limiter efficacement la vitesse des véhicules (courbes, dénivellations, stationnement en quinconce…).

Cette mesure vise avant tout à diminuer les vitesses, premier facteur de sécurisation de la voirie et favorise un meilleur partage de la rue *. Au delà de la sécurité des usagers, une diminution de la vitesse maximum autorisée a des effets bénéfiques sur le cadre de vie : moins de pollution, moins de bruit, des rues plus vivantes… Et contrairement à ce qu’on pourrait croire, la limitation à 30km/h plutôt qu’à 50 a très peu d’effet sur les temps de parcours.

De plus, depuis un décret qui date de 2008, la création d’une zone 30 introduit automatiquement (sauf avis contraire de la mairie) un double sens cyclable (DSC) dans chaque rue à sens unique de celle ci.

Le DSC autorise le cycliste à emprunter une rue à sens unique dans les deux sens. Surprenant pour les automobilistes, intimidant pour les cyclistes, il n’en reste pas moins que le face à face provoqué par la circulation à contresens de cyclistes dans une rue à sens unique est très peu accidentogène et participe à une plus grande sécurité pour tout les usagers de la rue **.
Pour information,  les DSC sont monnaie courant en Belgique, en Allemagne, au Danemark… depuis belle lurette et le nombre de cyclistes y est bien plus important qu’en France.

Pour toutes ces raisons, la zone 30 peut donc être l’objet central d’une politique cyclable volontariste et réaliste comme le décrit cet article sur le site ville30.org. De plus, notons que la création d’une zone 30 peut se faire « à minima » si, dans un premier temps, les moyens matériels ou financiers manquent comme l’explique cet autre article.

Mon Cher Vélo préconise une pacification de la rue par le biais de la diminution des vitesses et donc un usage massif de cette mesure. L’association porte un projet de généralisation des zones 30 à plusieurs quartiers de la ville de Bourges et a proposé un essai dans le quartier charlet (en partenariat avec l’Association Quartier Charlet). Cette demande a été refusée par la mairie en date du 14 décembre 2012 après l’approbation par le conseil municipal du Plan de Déplacement Urbains (PDU) d’Agglobus qui préconise pourtant leur développement.

En France, près de 20 villes sont devenues des « villes 30″ et d’autres s’ajoutent à la liste chaque année. Toutes tirent un bilan très positif de cette mesure… pourquoi pas Bourges ? Et Saint Amand Montrond ? Et Vierzon ? … et votre commune ?

* voir à ce sujet des données sur le rapport entre zone 30 et sécurité routière > http://bit.ly/VO8F7Q
** lire à ce sujet le bilan extrêmement positif réalisé par la ville de Paris suite à la mise en place des DSC dans 215 km de voies à sens uniques ou circulent des automobilistes plus nombreux et plus agacés qu’à Bourges > http://bit.ly/11DRfOB

Voir le site ville30.org pour comprendre l’intérêt des zones 30.
Vous y découvrirez également de nombreux exemples de villes ayant choisi la limitation à 30km/h comme norme dans leurs rues. La limitation à 50km/h demeure mais uniquement sur les axes de transit et à fort trafic.

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Zone de rencontre
Petite soeur de la zone 30, la zone de rencontre donne la priorité absolue au piéton et limite la vitesse des véhicules motorisés à 20 km/h. Elle se caractérise visuellement par le fait qu’elle ne possède pas de trottoirs et met, de ce fait, tous les usagers sur un même pied d’égalité. La zone de rencontre tend à se rapprocher du concept de « rue nue » dans laquelle il n’existe ni trottoirs ni signalisation comme à Drachten au Pays Bas.

Seul exemple de zone de rencontre sur Bourges, la rue Jacques Coeur rénovée en 2010 a fait couler beaucoup d’encre dans la presse locale. L’utilisation de pavés médiévaux sans bande de roulement la rend en effet impraticable pour les personnes à mobilité réduite (PMR) se déplaçant en fauteuil roulant, les jeunes parents avec poussettes et est très inconfortable pour les personnes âgées et les cyclistes. Une zone de « rencontre » qui exclue autant de monde, c’est tout de même dommage…

De plus, des potelets ont étés installés tout le long de la rue ce qui ne tend pas à changer les habitudes : l’automobiliste a toujours un boulevard tracé devant lui ce qui ne l’incite pas à baisser sa vitesse ou à partager l’espace. Le piéton est quant à lui implicitement prié de se ranger derrière les rangées de potelets, sur le « trottoir » qui lui est réservé.

Un autre exemple plus récent (et à nos yeux plus réussi, dumoins pour le moment) est celui de la rue Porte-aux-Boeufs qui a vu le jour à Vierzon début 2013. Ici, les trottoirs ont été supprimés et aucun potelet n’a été installé. L’interdiction de stationner est clairement indiquée au début de la rue et il faut espérer que la pédagogie et le contrôle des services de police permettront d’éviter d’en venir à l’installation de barrières pour éviter le stationnement sauvage.

Dernier exemple réussi également à Aubigny sur Nère où la rue du Charbon est devenu une zone de rencontre depuis le 1er juillet 2013. Pour le moment, celle ci semble plaire à tout le monde, y compris aux commerçants comme le soulignait le Berry Républicain dans son édition du 10.08.13 dont certains voudraient même qu’elle devienne piétonne !

Reste le problème du stationnement intempestif (et interdit) dans cette rue nouvellement ré-aménagée qui était souligné dans l’article. Espérons que la réouverture des stationnements place Adrien Arnoux et la pédagogie suffiront à éviter la pose de potelets ou la verbalisation des mauvais comportements mais pour le moment, le bilan est positif.

Si l’on envisage uniquement l’aspect zone de rencontre sans parler de la rénovation de voirie dont à bénéficié la rue du Charbon, nous sommes ici dans le parfait exemple des aménagements légers présentés dans cet article car seuls les pots de fleurs cassent les perspectives et donc les vitesses des véhicules. Moralité : pas besoin de dépenser des millions pour que ça marche !

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Aire piétonne
Enfin, à l’extrémité des zones apaisés, on trouve l’aire piétonne qui comme son nom l’indique est réservée à nos amis à deux pattes *.

La circulation et le stationnement des véhicules motorisés y est interdite (hors desserte et sauf cas particulier type livraison, déménagement…) et les cyclistes y sont tolérés s’ils roulent à la vitesse du pas. Autrement dit, le cycliste peut y circuler vélo à la main car rouler à la vitesse du pas soit 5 – 6 km/h est, point de vue équilibre, quasi impossible.

A Bourges, on observe cependant une grande tolérance de la part de la police municipale pour la circulation des cyclistes dans les aires piétonnes qui se limitent (officiellement) à la rue Mirebeau et à la rue Coursarlon. Mais si l’on observe bien, on constate la présence de panneaux B22b en haut de la rue Bourbonnoux et à l’entrée de la rue des armuriers. On trouve également le même type de panneaux (B54 cette fois ci) boulevard de Chanzy,  rue Louis Pauliat ou rue de Secrétain. Tout les véhicules qui circulent dans ces rues sont ils donc hors la loi ou est ce que la mairie ne connait pas la signification des panneaux qu’elle pose ?

* notons pour nos amis les piétons l’existence du collectif parisien Les droits du piéton qui défend, comme son nom l’indique, les déplacements à pied dans la capitale et lutte contre l’usage abusif des trottoirs.
Le collectif Rue de l’avenir basé également à Paris mais agissant sur tout le territoire vise lui une cohabitation heureuse de tous les modes de déplacements, piétons compris.

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