Comme nous l’avons fait pour la piste qui longe la rue Félix Chédin et de la sente aux loups dans cet article, ou au sujet du réaménagement de l’avenue Marce Haegelen ici, nous allons dans les lignes suivantes dresser un bilan critique, constructif et argumenté de l’aménagement cyclable récemment installé boulevard Gambetta à Bourges.

Encore une fois, le but de ces articles est :

• de réaliser une analyse critique de l’aménagement
• de faire connaître le point de vue de l’association sur les aménagements présentés
• d’éviter, en les mettant en évidence, que de mêmes erreurs soient faites à l’avenir

La bande cyclable avec séparateur : un enjeu crucial
Nous ne reviendrons pas ici sur les pérégrinations qui ont été celles de l’aménagement du boulevard Gambetta… nous en avons parlé dans cet article que nous vous invitons à relire.

Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, il faut que vous compreniez l’enjeu que représentait à nos yeux l’aménagement de cet axe : tout d’abord, ce qui était proposé par la mairie au départ n’allait pas DU TOUT… et nous pesons nos mots ! Les plans initiaux proposés n’avaient ni queue ni tête et nous courrions à la catastrophe… vraiment.

D’autre part, l’aménagement qui a été installé est un type d’aménagement pour lequel nous militons depuis des années. C’est pour nous l’exemple de ce qui peut se faire de plus efficace tout en ayant un coût tout à fait correct. C’est donc, à nos yeux le parfait compromis entre le confort de l’usager et la contrainte budgétaire de l’élu.

L’enjeu était de réaliser un test de ce type d’aménagement pour ensuite le dupliquer aussi rapidement et souvent que possible. Ce test, nous l’avions proposé à M. Blanc en 2013 sur le boulevard de la Liberté, idée qui l’avait plutôt séduite avant de finir dans un tiroir…

En plus d’être simple à réaliser et peu coûteux (on peut donc rapidement aménager beaucoup de voiries avec), l’avantage de ce type d’aménagement est qu’on peut facilement l’enlever / le modifier si ça ne convient pas. On espère cependant qu’on aura pas à en arriver là…

Un aménagement plutôt bien réalisé… une première à Bourges !
Vous l’aurez compris, étant donné que la mairie a suivi (presque) à la lettre nos préconisations, il serait malvenu de notre part de torpiller la réalisation… De plus, notre jugement est partial dans le sens où nous attendons que cela se fasse depuis de nombreuses années.

Si nous devions attribuer une note aux aménagements cyclables du boulevard Gambetta, ce serait un 14/20. Cet aménagement est à saluer et de bonne augure pour les prochains mais il souffre toutefois d’erreurs, ce qui fait qu’il n’est pas tout à fait exemplaire.

Mais nous sommes tous là pour apprendre et c’est tout l’intérêt de ce « test grandeur nature » comme nous aimons encore à l’appeler dans nos échanges avec les services de la mairie : voir ce qui va, ce qui ne va pas et ajuster pour les prochaines fois (en espérant que ce soit réellement fait)

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Les points positifs

Des bandes cyclables larges et confortables dans les deux sens. Petit bémol cependant côté pair (sens Gare > Rabelais) où la largeur aurait pu être meilleure en supprimant les zébras qui séparent les voies motorisées.

Une sécurité renforcée par la présence des séparateurs en caoutchouc. L’une des contraintes ici était que l’aménagement cyclable n’empêche pas l’accès aux stationnements qui se trouvent le long du boulevard côté impair (côté pair, l’accès aux stationnements se fait par la contre allée). Cette solution permet de séparer les voies tout en respectant cette contrainte.

Nous avons bon espoir que ces séparateurs renforcent le sentiment de sécurité du cycliste mais sommes conscients que cela ne remplacera par une bordure en béton qui ferait de l’aménagement une piste cyclable. Cela dit, la bordure aurait coûté plus cher, aurait probablement gêné le cycliste qui souhaite sortir de la piste, notamment pour éviter le stationnement abusif qu’une bordure n’empêche pas… rien que la question du coût aurait fait grincer des dents à la mairie !

Ces séparateurs ont fait débat sur notre page facebook : certains apprécient, d’autres craignent des chutes (qu’une bordure aurait aussi pu provoquer soit dit en passant). Nous verrons si l’avenir nous donne raison ou tord…

Une bande cyclable côté centre ville qui va jusqu’à l’entrée du giratoire du carrefour de Verdun. C’est un détail mais.. le diable est dans les détails ! Aussi, lorsqu’on réalise un aménagement cyclable, LA chose à bien traiter c’est les intersections car c’est là que la grande majorité des accidents à vélo se produisent.

Un aménagement exemplaire sur les parties rectilignes (autrement appelées « sections courantes ») mais qui s’arrête avant les intersections ne sert pas à rien… mais presque car il ne traite pas la cause majeure d’accident potentiel. Bien traiter les intersections c’est pri-mor-dial.

Ici c’est bien fait… on ne peut pas en dire autant dans l’autre sens mais on va y revenir…

Une bande cyclable côté centre ville qui est protégé du risque d’emportiérage par la création d’un espace tampon entre la bande et les stationnements. Nous avons été les premiers (agréablement) surpris que ce genre de détails ait été traité. Vraiment.

C’est typiquement le genre de choses que nous n’aurions pas osé demandé de peur de passer pour des casse pieds (nous le sommes déjà pas mal). Là vraiment, chapeau la ville de Bourges pour y avoir pensé

Un panneau cédez le passage cycliste au feu du croisement de la rue des Poulies côté pair. Là encore c’est un détail mais qui prouve bien que notre travail paye : ce petit panneau évite au cycliste de poser le pied à terre si le feu est rouge mais que la voie est libre (pas de piéton, pas de voiture…). Depuis que cette mesure est devenue réglementaire fin 2013, nous n’avons eu de cesse de pousser la mairie à en équiper plusieurs carrefours : voilà qui est fait pour celui ci !

Un logo vélo au sol visible et indiquant clairement le sens de circulation aux cyclistes. Exit les risques de vélos à contresens et les automobilistes de mauvaise foi qui diront « ne pas savoir que c’était une bande cyclable » quand la police leur tombera dessus : les logos vélos peints au sol ne laissent plus de place à l’interprétation.

Une traversée de la rue des Poulies visible et identifiée. Ce sont en grande partie les vestiges de l’axe partagé qui était là avant le réaménagement qui permettent d’avoir cette traversée bien identifiée mais ce n’est pas un problème : l’intersection est bien traitée et une intersection bien traitée c’est pri-mor-dial.

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Les points négatifs

Un rétrécissement fort et pour les deux bandes au niveau du croisement avec la rue des Poulies, ce qui rend les bandes cyclables peu utilisables à cet endroit. Encore une fois il s’agit d’intersection et rétrécir un aménagement cyclable à une intersection c’est augmenter le risque pour le cycliste. Il faudrait au contraire l’élargir, mieux la signaler, tartiner de peinture pour l’affirmer et la rendre immanquable.

Pour éviter ce rétrécissement, il aurait fallu supprimer le tourne à gauche vers le parking de l’Hôtel Dieu via la rue des Poulies… d’une part ce serait conforme au PDU qui préconise de supprimer les tourne à gauche autant que possible, et d’autre part, le parking est accessible depuis la rue Gambon… située 50 mètres plus loin !

Une bande cyclable côté pair qui ne va pas jusqu’au croisement de la Place Rabelais, ce qui est une source forte d’accident pour les cyclistes. On le dit et le répète : si une intersection n’est pas bien traitée, alors c’est l’ensemble de l’aménagement qui en souffre. Autant dans le sens opposé, la bande va jusqu’au rond point, autant dans ce sens, elle se termine, en eau de boudin, 30 mètres avant l’intersection.

Côté pair, si on peut se réjouir que 90% de la longueur du boulevard ait été réaménagé en terme de longueur, on ne peut que regretter que seulement 50% du risque d’accident ait été écarté : la faute à cette bande qui abandonne le cycliste au moment où il a le plus besoin de protection.

De toutes façons, pour clore les débats : c’est contraire au plan vélo de l’agglomération. Pour résoudre ce problème, Mon Cher Vélo préconise de supprimer une des deux voies au feu (comme fait sur le reste du boulevard mais jusqu’au feu) afin d’avoir l’espace nécessaire pour continuer la bande jusqu’au feu… et l’équiper d’un sas vélo tant qu’à faire.

(note : d’après ce qu’on sait un hypothétique réaménagement de la place Rabelais est envisagée… peut être est ce pour cela que la mairie ne veut pas faire pour défaire plus tard ? Mais comme on l’a dit, il ne s’agit que de peinture et de quelques trous dans la voirie… rien d’insurmontable donc)

L’absence de sas cyclable d’accès au feu du carrefour Rabelais. Car en effet, il n’y a pas de sas vélo à cet endroit et ce réaménagement aurait été une bonne occasion d’en installer un (couplée à la bande cyclable qui va jusqu’au carrefour pour pouvoir y accéder).

Un panneau B22a obligeant les cyclistes à rouler sur cet aménagement cyclable alors qu’il est désormais déconseillé de l’utiliser. Ce type de panneau est en effet déconseillé et il est préconisé d’utiliser le panneau C113 à la place.

Il manque un panneau C114 signalant la fin de la bande cyclable. C’est un détail mais c’est ce qui fait la différence entre la perfection et… et ça.

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A lire aussi sur notre site :
> Aménagements cyclables de Bourges – La piste est-elle l’avenir du vélo ?
> Le travail de concertation avec les collectivités mené par Mon Cher Vélo