[Témoignage] – A vélo sous la pluie

Ça ne manque jamais. A chaque fois qu’on a le malheur de se prendre une averse sur le coin du nez, toutes celles et ceux qui nous entourent n’auront pas manqué de vous faire remarquer avec une ironie hilarante : « Ah ben c’est super le vélo ! ».

« Ah ah ! Super… » rétorque amèrement le cycliste humide …excuse moi si je ne me tords pas de rire mais, comme ton chien à la sortie de la douche, si je me secoue trop, tu risques d’être mouillé toi aussi. Et tu t’es donné tant de mal pour ne pas l’être que je m’en voudrais de te l’imposer…

Combien de fois vous a t-on félicité ou dit qu’il était « courageux » de venir à vélo lorsque vous arrivez trempé au travail* ? Et parallèlement à cela, combien de fois vous a t-on envié lorsque, par une belle journée de printemps, vous arriviez fier comme un paon et avant tous les collègues sur le parking du boulot ? Non franchement, l’automobiliste est de mauvaise foi…

Non Mireille, venir à vélo je ne trouve pas ça « courageux ». Mon acte n’est pas plus héroïque que le tien, toi qui te tape tous les jours les bouchons, le stress et la respiration de polluants en quantités bien supérieures à moi** qui, le nez au vent, profitera bientôt du temps libre que j’aurais gagné sur la recherche d’une place de parking.

Parce qu’à vélo, si l’on perd parfois, il ne faut pas oublier qu’on gagne souvent. Combien de fois ais-je doublé plusieurs dizaines de voitures arrêtés avant un carrefour engorgé dans lequel le conducteur d’une Fiat Punto avait eu la bonne idée de s’engager bloquant ainsi tout le monde ? Tel est pris qui croyait prendre : tu pensais gagner du temps, c’est désormais tout le monde qui en perd. Tout le monde sauf moi… hé oui. Car je vais à vélo et, en ville, c’est moi le plus rapide !

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On ne va pas se mentir, il est vrai que je ne prends pas le même plaisir à pédaler sous la pluie que sous un soleil printanier. Mais quand bien même il pleut des cordes, une certaine partie de moi (celle qui est la moins exposée au fouet des ondées) est fière de montrer à tout le monde qu’il est possible de se déplacer à vélo par tous les temps et que ce choix est assumé. Je n’ai pas de voiture et je dois assurer quoiqu’il arrive : « regardez moi, vous voyez que c’est possible ! »

Lorsqu’il pleut, je vais à vélo comme tu vas à la pompe dépenser les 60€ de ton plein : avec un certain fatalisme qui m’oblige à assumer mon choix. Sauf que moi ça ne me coûte rien. Et ça me rapporte même les encouragements voire l’admiration de toutes ces personnes qui me voient, depuis le trottoir ou le siège de leur voiture, comme un valeureux chevalier urbain luttant contre les éléments armé seulement de la force de ses convictions***.

Et toi, tu arrives sèche. Personne ne te remarque.

Non, franchement, c’est toi que je plains ;)

Adrien Lelièvre, cycliste quotidien

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* D’ailleurs « arriver trempé au boulot à vélo » fait partie de la catégorie « légende urbaine des transports » : tous les cyclistes quotidiens que vous interrogerez sur la question vous diront qu’ils comptent le nombre de fois où cela leur arrive sur les doigts de leurs deux mains. Et même Météo France le dit : en France, 9 jours sur 10, il ne pleut pas de 8h à 9h et de 17h à 18h.
**Voir à ce sujet cette étude d’AirParif
** certains doivent me penser fous aussi mais j’ai une ouïe et un imaginaire sélectif

8 réflexions au sujet de « [Témoignage] – A vélo sous la pluie »

  1. Moi, aucun problème avec les embouteillages, la pluie et aucuns soucis pour trouver une place gratuite à deux mètres de mon boulot. Grâce à Bourges Plus et au Conseil Général je roule tranquille de ma belle Sologne ou j’ai fait construire une adorable maison pour mes enfants jusqu’à mon bureau près de l’échangeur. En plus je ne fais pas de détours pour faire toutes mes courses route de la Charité. Ah la campagne, pas besoin de s’embêter en ville où les écolos bobos veulent transformer toute la ville en zone piétonne avec des magasins hors de prix sans stationnement devant.

  2. Je ne sais pas si c’était ironique comme message, mais je valide.

    Tout le monde ne peut pas avoir la chance d’habiter à bourges, mais malgré tout y travailler…eh oui, surprenant, non?
    Je suis sportif, mais faire 20km de vélo le matin il va falloir penser à faire aménager mes horaires!

    Concilier les différents usagers est un bon challenge, pas toujours possible mais louable. Cependant, on est pas forcément obligé de tomber dans l’extrémisme comme vous le faites parfois.

    Bref, faisons donc de Bourges un fort inaccessible pour les habitants périphériques, on verra comment les commerçants s’en sortiront…

    • « Extrémisme »… brrr comme c’est désagréable à entendre pour une association comme la nôtre qui s’emploie justement à prendre en considération tous les usagers de la route et à s’intéresser à de nombreuses questions qui vont bien au delà du vélo.

      Vous parlez des commerçants, nous aussi : http://monchervelo.fr/chronique-de-la-mort-du-centre-ville-de-bourges-annoncee/ & http://monchervelo.fr/amenagement-commercial-bourges/ . Vous remarquerez que nous avons à coeur de ne pas fermer le centre ville aux voitures et à maintenir une activité économique dans le centre ville.
      Fait étonnant pour des extrémistes, notre position est très réservée sur une piétonnisation large du centre ville de Bourges. Si vous continuez à nous lire, vous en aurez la preuve très bientôt (en préalable un aperçu consultable sur facebook > https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=616383868455091&id=160336260726523&stream_ref=10)

      Car nous le rappelons, nous sommes une association pro-vélo mais pas anti-voiture > http://monchervelo.fr/qui-sommes-nous/
      Vous en aurez la preuve en lisant notre document de propositions pour les municipales dans lequel nous prenons systématiquement en compte la circulation automobile, sa fluidité, son stationnement… > http://monchervelo.fr/elections-municipales-les-propositions-de-mon-cher-velo/

      Pour les personnes qui comme vous n’ont effectivement pas le choix de venir en voiture jusqu’à Bourges, sachez que nous portons un projet de vélostations qui, disposées en entrée de ville, vous permettraient de pratiquer un sport doux et régulier en laissant votre voiture à l’entrée de la ville pour terminer votre trajet à vélo. Si celui ci vous intéresse, vous pouvez contacter Gilles, notre vice président à l’intermodalité qui se fera un plaisir de vous en dire plus > http://monchervelo.fr/contact/

      • Il ne faut pas tout mal prendre, j’ai dit « parfois » et non pas qualifié « d’extrémistes ».
        « une association comme la nôtre qui s’emploie justement à prendre en considération tous les usagers de la route »
        C’est bien ce que j’ai dit, « challenge (fort) louable ».

        Je soutiens certaines de vos actions (la lutte contre les bornes à outrance, l’urbanisation en non-sens avec les pratiques quotidiennes…) donc ne pas me classer dans les détracteurs.

        « Une association créée par des cyclistes, pour des cyclistes » voilà en quoi on (les autres usagers) peut se sentir pris à parti dans vos déclarations.

        Bref cessons la polémique, il est évident que vous essayer de faire bouger les choses bien plus que moi, avec des actions/propositions très intéressantes, contre des décisions politiques/urbanistiques parfois ineptes. Seulement il faut prendre en compte qu’il n’y a pas une caste des gens qui vivent en centre ville et les autres (ces pollueurs sans foi), et que le déplacement urbain prend une dimension totalement différente en fonction d’où l’on vient ;-)

        ps: je salue l’initiative des parkings mutualisés en entrée de ville.

  3. Je n’habite pas Bourges mais Draguignan (comment il pleut aussi dans le Var ??? Oui et même beaucoup quand ça s’y met ! Pff le mythe de la Cote d’Azur ensoleillée toute l’année…). Je lis vos articles car je suis velotafeur depuis peu et j’ai donc besoin d’expérience afin de déterminer si mon choix d’aller au travail en vélo est « logique ». Je le fais par économie de temps, d’argent et choix de vie…je préserve ma voiture pour les moments ou je ne peux faire autrement.
    Merci pour cet article dans lequel je me retrouve entièrement.
    Facebook : aujourd’hui je prends mon velo et laisse ma voiture au garage

  4. Adrien Lelièvre > Combien de fois vous a t-on félicité ou dit qu’il était « courageux » de venir à vélo lorsque vous arrivez trempé au travail

    Faut s’équiper:
    1. comme pour les piétons, des chaussures adaptées à un temps de pluie
    2. une cape de pluie Fulap : c’est ce qui se fait de mieux dans le domaine (www.spaddeville.com)
    3 éventuellement des guêtres pour protéger le bas du pantalon

    Top sec! Avec ça, rouler sous la pluie est un plaisir.

  5. Pour la cape de pluie Fulap, j’ai essayé et là, franchement, cela a été la cata ! prise au vent maxi, un vrai parachute, en plus pantalon trempé des cuisses aux chevilles. Du coup, au retour, j’ai préféré la laissé dans les sacoches, trempée pour trempée, c’était moins dangereux sans ! Je cherche d’autres solutions pour les endroits pluvieux et venté en même temps. Je reprendrai la cape quand il n’y aura plus de vent !

  6. Sous la pluie, rouler à bicyclette reste agréable, j’aimerais cependant trouver des abris en ville pour les vélos, pour s’organiser en quittant le vélo et arriver tip top au travail !

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