Nous apprenons aujourd’hui par voie de presse qu’une piste cyclable va bientôt (et enfin) voir le jour boulevard Gambetta à Bourges. Mais encore une fois, celle ci présente les pires erreurs de conception qui puissent exister. La ville dispose pourtant de documents tels que le Plan de Déplacements Urbains (PDU) ou d’un guide technique issu du Plan Vélo Intercommunal (PVI)… rappelons aussi que les services disposent de notre avis pour peu qu’ils le demandent mais ça c’est une autre histoire…

Mais que se passe t’il boulevard Gambetta ?
Depuis bientôt plus de 3 ans, une des deux voies du côté pair du boulevard est bloquée par des plots en plastique blanc censés simuler l’implantation d’une piste cyclable, puis d’une voie de bus… puis entre temps, elle est devenue un espace squattée par les riverains pour y stationner leurs voitures…

Le premier article de presse qui évoque un aménagement cyclable ici date de fin Août 2012 (ci dessous). La mairie avait depuis 3 mois bloqué l’accès à la voie située côté pair. Le but d’étudier l’influence que la suppression de cette voie aurait sur la circulation dans l’idée d’en faire une piste cyclable.

A priori une bonne idée à laquelle nous aurions bien tord de nous opposer.

Sauf que nous apprenions lors d’un comité de pilotage avec la mairie (et, entre autres, Pascal Blanc alors adjoint aux travaux) en Octobre 2012 que le projet proposé était une piste cyclable bidirectionnelle. Pour celles et ceux qui n’auraient pas lu cet article, une piste bidirectionnelle est une piste qui comprend deux sens de circulation situés tous deux d’un seul coté de la chaussée. C’est ce qu’il y a chaussée de Chappe ou rue Félix Chédin par exemple.

Or, en milieu urbain, ce type d’aménagement est à proscrire. Ce n’est pas (que) nous qui le disons mais également le PDU, le PVI et tous les experts du domaine (lire d’ailleurs à ce sujet notre critique de la rue Félix Chédin pour comprendre les problèmes que cela pose).
En règle générale en milieu urbain dense et avec un trafic modéré aux vitesses inférieures à 50km/h (le cas de Gambetta si les vitesses étaient respectées) la bande cyclable est très souvent plus adaptée que la piste cyclable… et moins chère aussi.

Ci dessous des captures d’écran issues des documents précitées qui appuient ces propos.

Coût plus élevé, risques accrus, difficulté de liaison avec les autres aménagements… : c’est le PDU qui le dit.

« aménagements peu adaptés au milieu urbain (exemple : pistes cyclables bidirectionnelles) »… ça c’est le Plan Vélo Intercommunal

Comparaison des avantages et inconvénients pistes / bandes cyclables dans le Plan Vélo Intercommunal… y’a pas photo…

En Mars 2013 donc, alors que nous rencontrions la mairie de Bourges pour un énième comité de pilotage, nous expliquions ce en quoi l’aménagement prévu ne nous semblait pas adapté. Le projet avait donc été mis en pause dans un premier temps pour laisser le temps à la négociation Mon Cher Vélo – mairie de se faire.

Puis ce projet est tombé dans les nymphes de l’oubli avant qu’un hypothétique projet de Bus à Haut Niveau de Service (BHNS) issu du PDU (comme quoi ils le lisent !) dont on a parlé pendant 2 ans finisse de venir geler tout projet à cet endroit en Mai 2013.

En Mai 2013 : première évocation du BHNS dans les colonnes du Berry Répubicain.

En Février 2015, on en parle toujours… et sur le Boulevard Gambetta, rien n’a bougé.

Et aujourd’hui où en est on ?
Il semblerait que le projet de BHNS soit désormais mort et enterré car un nouveau projet de piste cyclable est évoqué dans le Berry Républicain du jour. Curieux, nous avons cherché à savoir quel était ce nouveau projet (car oui, nous n’avons pas été consultés…) et avons trouvé le plan du projet sur le site de la ville.

Et devinez quoi ? C’est le même qu’il y a 3 ans ! Exactement le même, trait pour trait… ressorti des placards sans la moindre modification alors que nous pensions avoir été entendus. Sérieusement : lors de cette rencontre en octobre 2012, Pascal Blanc nous avait semblé convaincu du non sens (au moins partiel) du projet proposé et l’arrêt du chantier qui avait suivi nous confortait dans ce sentiment.

Mais non… retour à la case départ avec un projet complètement absurde et dispendieux.

Voyez ci dessous le projet de la mairie (cliquez sur l’image pour l’agrandir)
Pour une meilleure lisibilité, nous avons dessiné en bleu l’itinéraire que devra suivre un cycliste venant de la place Rabelais pour se rendre au carrefour de Verdun et avons inscrit une croix rouge à chaque endroit qui est exposé à un risque de collision. Résultat sur un trajet de quelques centaines de mètres, le cycliste se mettra en danger pas moins de 5 fois.

Au delà de cela, il sera aussi souvent amené à poser pied à terre ce qui est à éviter… si on souhaite vraiment encourager la pratique du vélo et non faire un aménagement alibi.

Franchement… qui fait les plans à la mairie ? Qui imagine ces tracés complètement farfelus, dangereux et à des années lumières de ce qui semble naturel et intuitif ?

A titre de comparaison, voici la proposition de Mon Cher Vélo qui est en possession de la mairie depuis septembre 2012 (cliquez sur l’image pour l’agrandir)
La proposition de notre collectif est simple : supprimer une voie de circulation, redessiner l’axe de la route afin de libérer 1,50m de largeur de chaque côté du boulevard pour y peindre des bandes cyclables larges éventuellement séparées de la chaussée à l’aide de plots en caoutchouc (qui peuvent aussi être réfléchissants pour la nuit) sur le modèle de ce qu’on peut voir à Tourcoing par exemple.

Les plots séparent un minimum la bande cyclable du trafic tout en permettant tout de même aux riverains d’atteindre les stationnements situés derrière celle ci. Comme quoi, vous voyez, on pense aussi au stationnement des riverains.

En plus d’être plus sécuritaire car seules deux intersections sont à traiter (avec des flux minimes), ce type d’aménagement est intuitif et peu couteux. De plus, l’idée de notre proposition était aussi de présenter un modèle d’aménagement facilement reproductible sur d’autres boulevards et avenues berruyères.

Le boulevard Gambetta fin 2012

Qu’adviendra t’il ?
Nous sommes fatigués de voir que les mêmes erreurs sont sans cesse reproduites. Qu’en dépit de documents de référence issus de leurs propres services et d’études menées à grand frais par des cabinets experts dans leur domaine (d’ailleurs notre proposition a coûté 0€ à la mairie soit dit en passant), nos élus continuent à se complaire dans l’absurdité de choix totalement contraires aux avis, besoins et envie des usagers.

Nous représentons aujourd’hui 300 personnes qui se déplacent régulièrement à vélo dans Bourges et pouvons nous targuer d’une connaissance assez poussée des besoins et attentes de ces usagers à travers le dialogue que nous avons avec eux, la lecture de documentation technique et le retour d’expérience d’autres associations partout en France et dans le monde.

Nous avons toujours voulu être une valeur ajoutée aux yeux de la ville de Bourges. C’est même ce que nous devrions être aux vu de la reconnaissance dont nous témoignent de nombreux organismes.

Mais non. On nous ignore.
Et croyez nous c’est fatiguant.

Un email a été envoyé ce matin (le 7 juillet 2015) à M. Mousny et M. Cartier, respectivement Maire-Adjoint, délégué aux Travaux et à l’Accessibilité et Maire-Adjoint, délégué à l’Écologie et au Développement Durable, à l’Hygiène et à la Santé.

Nous leur proposions une réunion de crise afin de discuter de ce projet et de tenter un rattrapage avant que le pire n’arrive.

Nous serions ravis que ce projet voit le jour comme nous l’avons suggéré et applaudirions des deux mains si c’était le cas. Dans le cas contraire, nous dénoncerons cette absurdité.

Mise à jour du 10 Août 2015
Après avoir insisté auprès des élus pour faire entendre notre voix, nous avons obtenu une réponse allant dans notre sens : le projet proposé prendra la forme que nous souhaitions, paroles confirmées dans un article paru le 9 août 2015 dans le Berry Républicain (ci dessous)… où nous regrettons quand même de ne pas être cités…