Quelle place pour le vélo dans le projet d’agglomération de Bourges Plus ?

Il y a quelques jours, Mon Cher Vélo a reçu dans sa boite aux lettres un document appelé « Le projet d’agglomération de Bourges Plus ». Ce document, également disponible en ligne sur le site de l’agglomération présente en 70 pages les orientations de la collectivité en terme d’aménagement, de développement économique, de transports… pour la période 2012 > 2025.

Dans cet article nous vous proposerons un décryptage du document en nous intéressant tout particulièrement à ce qui concerne la place du vélo, des transports et de l’urbanisme dans ce projet. Ce type de document n’étant pas facilement accessible et peu connu du grand public, le but est de faire état de ce qui y est dit afin que chaque citoyen puisse se l’approprier.

Orientations générales

En page12 du document sont présentées les orientations générales de l’Agenda 21 de l’agglomération qui est un document d’orientations visant à mettre en oeuvre toutes les composantes de ce grand thème qu’est le « développement durable » (logement, pollution, déchets, agriculture…) à l’échelle d’un territoire * pour le 21ème siècle… d’où son nom.

On peut y lire plusieurs choses intéressantes qui correspondent à des préoccupations de notre collectif :

  • Développer les services de proximité générateurs de liens sociaux.
  • Favoriser un urbanisme cohérent par une politique de l’habitat économe en énergie, en espace et favorisant la mixité sociale.
  • Favoriser l’émergence des modes de déplacements alternatifs à la voiture individuelle.
  • Accompagner et valoriser le développement de bonnes pratiques sur le territoire de l’Agglomération.

Les questions d’urbanisme (notamment commercial) qui sont à la source de la problématique des transports et que nous avons déjà soulevé dans de précédents articles (ici et ) sont clairement abordés. L’agglomération se positionne comme un gendarme qui favorisera un « urbanisme cohérent » c’est à dire (selon nous), un urbanisme favorisant la mixité sociale et fonctionnelle des espaces **. Exit donc les quartiers strictement résidentiels du CREPS ou du Val d’Auron dans lesquels il n’y a aucun service ou commerce, exit les zones d’activités loin des quartiers résidentiels… et peut être bientôt verront nous fleurir des commerces et de l’habitat sur la technopôle Lahitolle… ?
Après tout, Bourges Plus étant gestionnaire du site et se positionnant comme une « locomotive du développement durable sur son territoire » ça serait plutôt un bel exemple.

Bourges Plus indique également vouloir favoriser la sortie du tout voiture et accompagner le développement de bonnes pratiques sur le territoire de l’agglomération. Nul doute que la collectivité sera donc sensible au projet de maison du vélo et des mobilités actives que Mon Cher Vélo lui a présenté à la fin du mois dernier.

Tourisme à vélo

Page 26 du document, Bourges Plus aborde la question du tourisme à vélo qui fait partie des pratiques touristiques ayant « un fort potentiel de développement qui mérite d’être exploitée ». Et pour cause, le tourisme à vélo rapporte beaucoup d’argent comme en témoignent les résultats de la Loire à Vélo qui génère chaque année plusieurs dizaines de millions d’euros de retombées pour l’économie locale ***.

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Pour le moment, le cher passe en partie à côté de cette manne car la Loire à vélo profite surtout aux communes qu’elle traverse ce qui représente une partie infime du département. Le long des grands itinéraires vélos qui, à l’échelle de l’Europe constituent le réseau des « eurovélo routes » (la 6 incluant la Loire à vélo) sont fréquemment constitué des boucles qui permettent d’élargir le réseau ou de visiter des endroits plus reculés que ces grand axes.

Typiquement dans le Cher, le canal de berry ou l’ancienne voie de chemin de fer Gien – Bourges pourraient tout à fait constituer des axes touristiques structurants reliés la Loire à vélo. En tant que délégation départementale de l’AF3V, Mon Cher Vélo sera attentif à ce que la nouvelle pratique que représente le tourisme a vélo soit exploitée comme il se doit.

SCoT, PDU, PLH…

Le document fait un point sur plusieurs documents ayant attrait à l’aménagement du territoire en page 38. Il rappelle rapidement ce que sont :

  • le PDU dont nous nous sommes grandement inspirés pour écrire notre document de propositions pour les municipales et qui préconise des solutions pour sortir du tout voiture et pour promouvoir les modes de déplacements alternatifs
  • le SCoT dont nous avons parlé ici et au sujet d’aménagement commerciaux qui permet de veiller à la cohérence urbanistique de l’agglomération et à la gestion économe de l’espace
  • le PLH dont nous n’avons pas (encore) parlé mais qui préconise entre autre la imitation de la périurbanisation génératrice de transports motorisés

Favoriser une nouvelle mobilité

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La question de la mobilité occupe, en plus des endroits où elle est abordée à demi mots, une double page dans ce document ce qui en soit, est déjà une bonne chose.

Beaucoup de choses sur ces deux pages :

  • tout d’abord est abordé le lien entre précarité et mobilité, thème abordé par Mon Cher Vélo dans un précédent article. C’est une bonne chose que la collectivité évoque ce problème de société très préoccupant et qui va croissant.
  • encore une fois, le thème de l’urbanisme tient un rôle central car le projet vise à « faire une agglomération des courtes distances [...] en développant la mixité fonctionnelle et en renforçant les centralités existantes : centre ville de Bourges et pôles de proximité » dans les quartiers alentours et dans les centre bourgs. Le document enfonce le clou en écrivant clairement qu’il est « impératif d’intégrer la problématique des déplacements dans tous les projets d’aménagement. »

Au sujet des modes alternatifs à la voiture individuelle, 4 thèmes sont développés :

  • bus : augmentation de l’offre (amplitude et régularité des horaires), création de lignes de Bus à Haut Niveau de Service, développement de l’intermodalité…

  • vélo : même s’il est évoqué en second lieu, le vélo tient une place importante dans le projet car il est écrit noir (ou plutôt vert) sur blanc « développer fortement l’usage du vélo ». Il apparait clairement que le vélo est une solution d’avenir pour la mobilité de l’agglomération qui devra être intégrée « dans tous les projets d’aménagements » au travers la création du plan vélo intercommunal. C’est de bonne augure.

  • piéton : des choses très vagues sont présentées dans ce thème. La réalisation de plans directeurs piétons est évoquée mais ceux ci étant voués à être créés à l’échelle communale, seuls les bonnes volontés de nos élus permettront de transformer ces bonnes intentions en actes. Nous pouvons regretter que rien ne soit dit sur les questions du stationnement sauvage et de la largeur de voirie (notamment au sujet des boulevards à Bourges) qui sont deux éléments majeurs mis en avant par le PDU comme étant des freins à la pratique de la marche à pied.
  • covoiturage / autopartage : le développement de ces deux solutions visant à augmenter le taux de remplissage des véhicules sera, d’après le document, incité par le biais de Plans de Déplacements d’Entreprises (PDE) / d’Administration (PDA). Or, un PDE/PDA est une démarche visant à diminuer l’usage de la voiture mais qui propose tout un panel de solutions faisant également appel aux transports en commun, à l’utilisation du vélo, au télétravail ****… Il est donc un peu dommage de restreindre cette démarche aux seuls usages mutualisés de la voiture que sont le covoiturage et l’autopartage.
    Mais  on peut tout de même retenir sur ces démarches « seront mises en oeuvre » et que d’ici 2025 donc, Bourges Plus sera devenu exemplaire dans le transports de ses agents, dont la grande majorité se déplaceront à vélo ou en transports en commun, et entrainera dans son sillage de nombreuses autres administration et entreprises du territoire.
Mise en oeuvre du PDU
En bas à droite de la page 44, deux paragraphes sont très explicites quant à la mise en place du PDU. Nous retiendrons deux phrases :
  1. « La déclinaison des principes retenus dans le PDU à l’échelle des communes et des quartiers (Plans Locaux de Déplacements) devra être achevée pour 2020. »
  2. « Accompagner les changements de comportements, par une information et une communication ciblée vers le grand public et les corps intermédiaires (associations, organismes professionnels…), sur les objectifs et les plans d’actions du PDU et des PLD »
Celles ci sont très claires sur le délai de réalisation des PLD qui permettront de décliner dans chaque commune de l’agglomération les préconisations du PDU. Les municipalités ont donc 6 ans pour se mettre au pas et Mon Cher Vélo y veillera.

En ce qui concerne la communication visant à expliquer ce que sont PDU et PLD et les « changements de comportements » qu’ils souhaitent déclencher, le message est également clair : Bourges Plus prend ici un engagement de pédagogie. Ainsi bientôt, la collectivité communiquera sur les bénéfices de mesures telles que les double sens cyclables, les tourne à droite, les zones 30…

Pollution, qualité de l’air et dérèglement climatique

A la page 49, un paragraphe intéressant aborde la question de la pollution de l’air et notamment de son lien avec les transports. Bourges Plus annonce la création d’une « station trafic »***** chargée d’alerter les pouvoirs publics en cas de dépassement de seuils de concentration de polluants tels que les oxydes d’azote ou les particules fines fortement liés au trafic motorisé.

En cas de dépasement, Burges Plus annonce que des mesures seront prises en partenariat avec les acteurs concernés. On peut imaginer que les transporteurs, personnels médicaux, autorités organisatrices de transports (AOT)… seront de la partie.
Il est également permis de penser que des associations d’usagers pourront également servir de relais… et pourquoi pas nous ?

Plusieurs paragraphes page 52 abordent la question de la lutte contre le dérèglement climatique dans laquelle les mobilités actives (marche et vélo) ont un rôle prépondérant à jouer. A l’échelle nationale, les transports sont en effet à l’origine de 27% des émissions de gaz à effet de serre soit le premier secteur émetteur.

Si l’on souhaite lutter contre le dérèglement climatique, il faut donc s’attaquer au problème des transports et promouvoir la marche à pied, le vélo, le covoiturage, l’autopartage ou développer l’usage des transports en commun… Le Plan Climat Energie Territorial (PCET) de Bourges Plus sera donc, à n’en pas douter, exemplaire sur ces points.

Urbanisme, proximité et gouvernance

Sous la notion de solidarité des territoires, Bourges Plus aborde page 58 la question de l’urbanisme et de la proximité en dénonçant l’étalement urbain. Sans entrer dans les détails, ce qui est particulièrement intéressant à remarquer ici est la notion de « nouvelle gouvernance territoriale » dans laquelle Bourges Plus souhaite jouer un rôle de première importance.

A la lecture de ces lignes, on est en droit d’attendre que l’agglomération ait à l’avenir un rôle de « gendarme » de l’aménagement (commercial, résidentiel, tertiaire…) de l’agglomération clairement affirmé. Cela permettrait, entre autres, de donner une vision communautaire et d’intérêt global aux décisions de la CDAC qui sont parfois contestables.

Un carnet de bonnes intentions

Même si tout cela est de bonne augure, ne nous leurrons pas : ce document reste une suite de promesses ou de souhaits qui n’engagent que ceux qui y croient. La mise en application concrète des préconisations détaillées dans ce document est toujours lente, pas toujours complète… généralement frustrante en somme.

Mais les citoyens tiennent là des prises de position qui engagent la collectivité dans plusieurs domaines et notamment celui qui nous intéresse le plus : les transports. Et les citoyens que nous sommes tâcherons de veiller à ce que ces engagements ne restent pas de vaines promesses.

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* en savoir plus au sujet des Agendas 21 sur le site de l’Ademe
** un urbanisme répondant aux préconisations d’une Approche Environnementale de l’Urbansime (AEU) en somme qui est une démarche volontaire permettant une meilleure prise en compte de l’aspect environnemental des documents d’urbanisme qui régissent la façon dont on construit la ville (et donc comment on la vit).
*** 10.5M en 2011, 11,5 en 2012 selon le comité régional du tourisme Centre – Val de Loire
**** en lire plus au sujet des PDE sur le site de l’Ademe
***** rien de bien nouveau ici car notons l’existence de l’association lig’air qui réalise déjà ce travail de veille sur toute la Région Centre

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