Chronique de la mort annoncée du centre ville de Bourges

Centre Commercial de Varye – Saint Doulchard

Mardi 3 avril, la Commission Départementale d’Aménagement Commercial (CDAC) du Cher a donné un avis favorable à l’unanimité à l’implantation d’un nouveau centre commercial d’une surface de 16 000 m2 le long de la route d’Orléans (D2076) sur la commune de Saint Doulchard.

Prévu pour sortir de terre début 2015, ce molosse du shopping verra le jour quelques mois après l’ouverture de son cousin Avaricum (d’une taille de 9 500m2 à deux pas du centre ville de Bourges) si l’un comme l’autre ne prennent pas de retard.

Centre Commercial Avaricum – Bourges

Au delà de l’aberration que représente le fait d’ouvrir simultanément deux immenses centres commerciaux qui se veulent chacun être le projet phare de développement commercial de leurs communes respectives (sur une agglomération dont la taille moyenne les justifie difficilement), Mon Cher Vélo pointe l’incohérence des deux projets qui met en exergue la politique individualiste des deux communes. Ne sont-elles pas censées travailler en commun pour le développement rationnel de l’agglomération ?

C’est en tout cas ce que dit le Schéma de Cohérence Territorial (SCoT), document servant de base aux grands projets de développement de l’agglomération en matière d’aménagement du territoire et d’urbanisme *.
Le SCoT préconise entre autres « l’équilibre entre aménagements (…) dans le respect des objectifs de développement durable » et la « gestion économe des espaces » pour limiter la consommation de terres agricoles dans l’extension de l’agglomération. Deux objectifs à l’encontre desquels s’inscrit le projet De Varye.

En plus du SCoT, le projet fait également une entorse aux préconisations du Plan de Déplacement Urbains (PDU) ** qui est quant à lui une déclinaison du SCoT qui définit les orientations à prendre en matière de déplacements.
En créant un complexe monofonctionnel, éloigné des zones résidentielles denses et favorisant l’usage de la voiture, le projet est également en contradiction avec ce document. Le PDU préconise en effet une mixité des usages (habitat, commerces, services…) et la densification des zones urbaines dans le but de limiter les déplacements et plus particulièrement l’usage de la voiture.

L’image utilisée en tête de cet article trouvé sur le site du promoteur du projet est assez claire sur l’usage attendu de la voiture dans ce projet pour se passer d’explications…

Des voitures de jour comme de nuit… y aurait-il un hôtel de prévu ?!

L’association Mon Cher Vélo se prononce clairement contre le projet De Varye à Saint Doulchard et espère une réaction des commerçants du centre ville dont il a sollicité les différentes associations représentantes *** afin qu’un recours soit déposé auprès de la CDAC pour stopper ce projet.

Mon Cher Vélo estime que ce projet fera bien plus de tort aux propriétaires de commerces du centre ville que les demies journées piétonnes contre lesquelles ils sont prompts à pester chaque fois qu’elles ont lieu et les assure de son soutien dans les démarches qu’ils entreprendront.

Pour ce qui est d’Avaricum, l’association considère en revanche qu’il est un moindre mal car s’il n’avait pas vu le jour ici, il aurait été implanté en périphérie. De plus, celui ci pourra apporter un nouveau dynamisme au centre ville et servir de locomotive aux autres commerces (tout comme le font aujourd’hui de grandes enseignes telles que la FNAC ou H&M par exemple) ainsi que proposer une offre de stationnement supplémentaire à même d’accueillir de nouveau visiteurs/clients pour le centre historique.

En lire plus sur le sujet :
Sur le blog Bourges-Bazar d’Alain Fourgeot
Sur le blog d’Agnes Sinsoulier, conseillère régionale du Centre
Sur le blog d’Hassen Chebili, conseiller municipal de Bourges
Dans un article paru le 4 avril 2013 dans les pages du Berry Républicain.
Dans un article parue le 24 avril 2013 dans les pages du Petit Berrichon.

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* lire à ce sujet Le projet d’agglomération de Bourges Plus et notamment à partir de la page 38 où il est sujet dudit SCoT.

** projet auquel Mon Cher Vélo a activement participé lors de son élaboration.

*** courrier consultable ici.

Note : rappelons que le SCoT et le PDU sont des études qui coûtent cher et qu’elles représentent un travail de longue haleine jalonné de réunions publiques et de consultations des partenaires institutionnels ou associatifs afin que les orientations qui soient les leurs soient applicables et réalistes.

Note 2 : nous en profitons pour signaler que la commune de Saint Doulchard a été, comme toutes les communes concernées par le PDU, destinataire d’un courrier de Mon Cher Vélo leur proposant notre aide dans la mise en application de celui ci sur leur territoire. La mairie a cordialement décliné notre offre car elle préfère travailler avec un bureau d’étude (celui qui a réalisé l’étude de la partie vélo du PDU), Bourges Plus et le président du club de cyclotourisme de la commune, désigné en tant que référent du dossier.

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EDIT DU 27 MAI 2013

Nous mettons à jour cet article car d’autres menaces pèsent sur la vie du centre ville de Bourges et sur l’équilibre commercial de l’agglomération.

50000m2 de surfaces commerciales sont aujourd’hui bâties dans le centre ville qui comprend entre autres, en plus du centre historique, les quartiers E.Vaillant, Barbes, Jean Jacques Rousseau, Laudier/Gare et du Prado.

La périphérie commerciale essentiellement composée des routes de la Charité et d’Orléans ainsi que, dans une moindre mesure et représentant plus de zones de proximités accessibles aisément même sans voiture, des zones centrées autour de supermarchés tels que Cap Nord, la Chancellerie ou le Val d’Auron, comptent 163000m2 de surfaces.

Demain (certains projets ont d’ores et déjà été présentés en CDAC), ce sont plus de 40000m2 de surfaces nouvelles qui verront le jour sur Bourges dont seulement un quart (9500m2) en centre ville. Le reste des enseignes qui sortiront de terre seront disséminées entre le projet De Varye évoqué plus haut dans cet article, la route de la Charité, la zone commerciale de Carrefour de la Chaussée de Chappe et les Danjons.

L’extension de ces zones périphériques est une menace énorme pour l’équilibre commercial de l’agglomération et est, dans la plupart des cas, contraire aux préconisation du PDU et du ScoT pour les mêmes raisons qu’évoquées un peu plus haut dans cet article.

Bourges en 2030 ?

Mon Cher Vélo milite pour un centre ville vivant et actif ce que met en péril le développement de ces projets. Il milite également pour le maintien et le développement des commerces et services de proximité qui sont les seuls à même de favoriser le lien social et les déplacements actifs tels que le vélo ou la marche à pied.

De nombreux commerçants du centre ville ont étés alertés de ce problème et sur les conséquences néfastes de ces projets quant à la vie du centre ville de Bourges afin de les faire réagir. Un document expliquant plus en détail les tenants et aboutissants de ces projets et résumant le point de vue de Mon Cher Vélo leur a été remis et peut être consulté ici.

Un recours en CDAC contre le projet De Varye a d’ores et déjà été déposé (nous ne savons pas exactement par qui) mais nous regrettons l’immobilisme et le manque de réaction des médias locaux et de la très grande majorité des élus sur cette épineuse question.

Pour approfondir ce sujet et parce que nous pensons que c’est le chemin qu’est en train de prendre Bourges, nous vous conseillons la lecture d’un dossier réalisé par la Nouvelle République sur la situation très difficile du centre ville de Chateauroux et qui commence par cet article.

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EDIT DU 3 JUIN 2013

Afin de discuter de ce sujet et d’inciter à l’action les commerçants et acteurs politiques s’opposant à ces projets, Mon Cher Vélo organise une rencontre le :

JEUDI 13 JUIN 2013 à 19h30
à la Chambre des Métiers et de l’Artisanat du Cher
40 rue Moyenne à Bourges

L’idée de cette rencontre sera d’inviter commerçants, acteurs politiques, architectes, citoyens… à réfléchir sur l’avenir des commerces et services de proximité face à ces zones commerciales périphériques.

Liens :
Evènement facebook de la rencontre
Télécharger le bulletin d’invitation à la rencontre
Retrouvez ici le communiqué de presse annonçant la rencontre
Lire un article paru le 5 juin 2013 dans les pages du Berry Républicain sur l’extension de la zone de Carrefour chaussée de Chappe.
Ecouter une interview donnée sur Radio Neo (interview enregistrée en Avril 2013, nous n’avions pas encore toutes les données…)
Ecouter une interview donnée sur RCF en Berry 

EDIT DU 19 JUILLET 2013

La nouvelle vient de tomber, la Commission Nationale d’Aménagement Commerciale (CNAC) invalide la décision prise au niveau départemental par la CDAC et refuse le projet de centre commercial De Varye.

L’annonce officielle a été faite ici et l’on peut voir que 5 recours avaient été déposés contre ce projet dont deux par des associations de commerçants du centre ville de Bourges.

Une bonne nouvelle pour notre collectif et l’avenir de notre agglomération même si nous craignons que cela ne fasse que retarder ce projet.

EDIT DU 12 SEPTEMBRE 2013

On connait désormais le détail de ce qui a motivé le refus du projet De Varye par la CNAC. L’absence d’aménagement cyclable et ce que cela induisait en terme d’usage exclusif de la voiture a, entre autres, été un argument mis en avant pour justifier la décision (et les autres arguments, nous les avions développé aussi…)

La décision est à lire ici.

Liens :
Lire le communiqué de presse de Mon Cher Vélo sur cette annonce.
Lire l’article du Berry Républicain à ce sujet.

15 réflexions au sujet de « Chronique de la mort annoncée du centre ville de Bourges »

  1. - sauf erreur de ma part, les terres prévues pour le projet à saint doulchard ne sont plus agricoles depuis longtemps. autours c’est de l’habitat pavillonaire très gourmand en terre lui aussi… donc cet argument est erroné et démago.

    je suis daccord avec vous sur le fond (la mort des petits commerçants, même si d’autres causes sont à mettre en avant telles que les HABITUDES de consommation des gens !!!!)

    mais je trouve que vous êtes des extrémistes quand vous utilisez tous les arguments même les plus démago…..

    • Mieux vaut des arguments démagos que pas d’arguments du tout non… ? Etre extrémiste c’est peut être aussi refuser le débat… ?

      • Nous acceptons un débat. Après c’est c’est certain que nous avons nos avis et nos arguments. Je ne comprend pas pourquoi vous dites que nos arguments sont démagos. Je pense que ce sont la mairie de Bourges et Saint Doulchard qui ne veulent pas débattres et qui sont extrémistes. Je vous invite à lire la décision de la CDAC de 2012 contre l’Intermarché des Danjons (voir mon post plus bas) et vous comprendrez que nos décideurs se contredisent. Ils donnent des arguments contre l’Intermarché et utilisent les mêmes pour accepter Saint Doulchard. A MCV, nous avons toujours été pour le centre ville et le commerce de proximité qui est le seul à favoriser le vélo. Nous ne changerons pas au grés du vent.

  2. et j’ajoute que la fermeture de la fnac pourrait bientôt être envisagée (trop de pertes, les gens achètent sur internet car c’est 10% moins cher) et HM est encore un argument démago puisque c’est litteralement le DISCOUNT de prêt à porter qui tue l’artisanat français (combien de fringue made in france??? ahah) et qui étouffe les petits commerçant de pret-à-porter, les obligeant à se recentrer sur le haut de gamme!!

  3. Fenwiii, où doit s’implanter le CC de Varye, se sont encore à ce jour des terres agricole. Elles ne sont pas cultivé mais elle pourrait encore l’être (regardez sur Google Maps vous verrez que sur les images satellites de 2013, ce sont encore des terres agricoles). Et puis à Bourges nous disposons encore de nombreuses friches industrielles et commerciales, pourquoi vouloir toujours grossir encore plus la ville ?

    A mon avis ce sont les extrémistes qui veulent toujours plus de boites à carton commerciales et toujours plus de voiture. Mais si cette vie plait à la majorité tant mieux pour eux. Mais qu’ils ne se plaignent pas que la voiture et l’alimentation coutent chère. Moins nous aurons d’espace et de terre agricole, plus nous aurons de la malbouffe agricole. Noubliez pas que nous perdons l’équivalent en surface d’un département français tous les six ans.

  4. Nous n’avons jamais dit que la fermeture de la FNAC et d’HM était envisagé. Nous parlons simplement de la théorie des locomotives commerciales (la notoriété de certain magasin attirant le chaland à un endroit, ce qui profite aux autres magasins de la zone), ainsi que de celle du nombre (plus vous aurez de magasin à un endroit, plus vous en aurez d’autres qui risquent de venir).

    Ce n’est pas parcque nous faisons du vélo quotidiennement que nous sommes des altermondialistes et des personnes déconnectés des réalité du monde social et économique planétaire. Personnelement je peux vous dire que j’ai observé de nombreux cas de typologie commerciale (USA, UK, Italie ou Slovénie). Ce serait trop long d’en parler, mais si nous sommes contre De Varye, ce n’est pas pour rien. Nous avons des raisons valables.

    Le discount peut très bien se faire en centre ville est être complémentaire du haut de gamme d’autre magasin (cf le magasin « L’ombre des marques » vers la Poste de Bourges). De même j’ai déjà vu des Noz (présent rte de la Charité) en centre ville qui étaient mieux que le nôtre en terme de choix et de rangement.

  5. Vous verrez que nos décideurs ne sont pas logiques avec eux même dans la décision de la CDAC du 03/04/2013 pour le CC De Varye :

    Extrait de la CDAC du 28/09/2012 :

    « est refusée à la SA L’IMMOBILIÈRE EUROPÉENNE DES
    MOUSQUETAIRES – 24, rue Auguste Chabrières – 75015 PARIS, l’autorisation de créer un ensemble commercial « Coeur Colombe » d’une surface de vente de 5 003,20 m², à BOURGES (18000) – rue Louis Mallet – Zone d’Activités des Danjons, »

    « ont donné un avis défavorable : 5
    - Mme Danielle SERRE, Adjointe au Maire de Bourges
    - Mme Françoise CAMPAGNE, Adjointe au Maire de
    Saint Doulchard
    - M. Alain MAZÉ, Vice-Président de la Communauté
    d’Agglomération Bourges Plus
    - M. Maxime CAMUZAT, Maire de Saint Germain-du-Puy
    - M. Pascal GOUDY, représentant le Président du
    Conseil Général »

    « CONSIDÉRANT que les terrains concernés par le projet sont complètement enserrés dans le tissu urbain et ne font pas l’objet d’activité agricole, »

    « CONSIDÉRANT qu’un matière de transport collectif l’ensemble commercial est desservi par le réseau urbain de bus « AggloBus », que le réseau de transport du Conseil Général « Ligne 18 » dessert la zone de chalandise avec des correspondances au réseau « AggloBus », que pour les personnes à mobilité réduite il existe des services spécifiques « Vitabus » et « Libertibus » et que la piste cyclable « Rocade Verte » de la ville se situe à proximité du site, »

    « CONSIDÉRANT toutefois que bien que le projet se situe dans une zone pauvre en commerce alimentaire et pourra contribuer à renforcer l’attractivité de celle-ci, il apparaît surdimensionné avec 2 cellules de 738,50 m² chacune, en plus du supermarché et des 7 boutiques, »

    « CONSIDÉRANT également que l’examen de ce projet est prématuré tant que le SCOT du Syndicat Intercommunal pour la Révision et le Suivi du Schéma Directeur de l’Agglomération Berruyère (SIRDAB) ne sera pas adopté, ce qui n’interviendra que début 2013, la création de cet ensemble commercial risquant d’être incompatible avec ses orientations, »

    « CONSIDÉRANT en outre que la création des 2 cellules destinées à accueillir une activité d’équipement de la personne, sans indication d’enseigne, risque de porter atteinte à l’équilibre commercial entre l’offre existante en centre-ville ainsi qu’en périphérie de l’agglomération, »

    « INTERMARCHÉ SUPER supermarché 2 721,60 m²
    7 boutiques d’une surface de vente < 300 m² non alimentaire 804,60 m²
    Cellule 8 Equipement de la personne 738,50 m²
    Cellule 9 Equipement de la personne 738,50 m²
    Surface de vente totale 5 003,20 m²

  6. Pourquoi n’êtes vous pas allés en préfecture le jour de la CDAC comme vous en avez le droit. Vous aviez alors toutes les personnalités votantes à votre écoute ! Contestez maintenant la décision de la CDAC , je n’en vois pas l’aboutissement. C’était bien avant qu’il fallait agir. Même les commerçants de centre-ville ne se sont pas manifestés…

    • « Même les commerçants de centre-ville ne se sont pas manifestés… » : c’est justement tout l’objet de notre prise de position. Nous estimons que ce n’est pas à notre collectif de déposer ce recours car notre existence n’est pas menacée contrairement à celle des commerces du centre ville. Nous déplorons également que les associations de commerçants n’aient pas réagi tandis qu’elles ont en revanche, comme nous le soulignons dans l’article, pour habitude de pester contre les demis journées sans voitures que la mairie leur impose et qui représente un moindre mal face au projet de Saint Doulchard.
      Nous alertons l’opinion publique sur ce projet qui nous semble incohérent et illogique à plus d’un titre.

  7. De toute manière nous ne savions même pas que nous pouvions allé en CDAC. Ce genre d’information, personne ne le sait. Même un membre de la CDAC n’était pas au courant de cette réunion du 03/04/2013, et s’en plaint sur Facebook, c’est dire.
    D’ailleurs j’ai téléphoné il y a plus de 10 jours à la préfecture pour savoir où et quand la décision de la CDAC serait consultable. Elle m’a dit qu’en préfecture elle n’était pas affiché et que la décision détaillé serait sur le site durant la semaine du 15 au 19. Réellement la décision est sortie le 23, soit 20 jours après. Sachant que pour un recours en CNAC, le délai est d’un mois maximum, merci la démocratie. D’ailleur cette CDAC ne sert à rien car je vous invite à comparer la CDAC du 03/04/2012 et celle de 09/2012 refusant le CC des Danjons, et vous verrez qu’ils font ce qui les arrange. Vous pouvez comparer avec d’autres CDAC et les conclusions sont les mêmes. Leurs arguments pour de Varye ne sont vraiment pas fondé, c’est une honte. Je vais finir par croire qu’il y a du dessous de table lié à cette CDAC du 03/04/2013.

  8. Article pour démontrer que Carrefour Cœur Marais est un danger :

    Le 23 Mai 2013, la commission départementale d’aménagement commercial (CDAC) du Cher a donné un avis favorable, à 7 voix pour et 1 abstention (un des vices-présidents de Bourges Plus), à la restructuration et à l’extension du centre commercial Carrefour Chaussée de Chappe à Bourges. Autant le parc commercial De Varye à Saint Doulchard et ses 15,900 m2 qui été prévu initialement pour début 2015 fait peur aux commerçants du centre ville, à l’hypermarché Géant ou à certain politique, autant le projet de Carrefour Cœur Marais (nouveau nom du Carrefour Chaussée de Chappe) ne semble inquiéter quasiment personne. Rares sont ceux qui voient la dangerosité de ce projet pour le centre ville et les commerces de proximité du pays de Bourges.

    Pour beaucoup, c’est juste un petit agrandissement de 3000 m2 d’un des deux grands hypermarchés de l’agglomération. Perçu comme un espace de proximité ayant une certaine convivialité avec de nouveaux commerces, de l’emploi et une modernisation d’un centre commercial, il faut l’avouer ,bien vieillissant.

    Contre le projet De Varye, il y a 5 acteurs qui ont fait un recours en commission nationale d’aménagement commercial (CNAC) alors que contre l’agrandissement du Carrefour, un seul recours vient d’être posé. A noter que les recours contre De Varye ont abouti, la CNAC a rejeté le vote de la CDAC lors de la séance du 11 juillet.

    Pour rappel, Carrefour a été implanté sur un champ à côté des marais en 1969. C’était le 12 ème hypermarché du groupe à ouvrir en France. Il fait actuellement 14,000 m2 avec la jardinerie et 700 m2 de galerie marchande. Il n’y a jamais eu de véritable restauration de l’ensemble. Il était logique que le groupe Carrefour n’ait quasiment rien fait pour améliorer cet hypermarché ayant une certaine situation de monopole sur l’agglomération. Pourquoi dépenser de l’argent quand vos clients continuent de venir ?

    Par contre, depuis plusieurs années, le groupe Carrefour et la société Klépierre (gestionnaire de la galerie marchande) cherchent par tous les moyens à agrandir la galerie marchande du Carrefour Chaussée de Chappe. En effet, avec la modernisation maintenant terminée de Géant Saint Doulchard avec l’ajout de 6 boutiques dans sa galerie marchande, l’ouverture envisagée du Rétail Park De Varye à Saint Doulchard, Intermarché voulant implanter un hypermarché aux Danjons, Leclerc qui va avoir fin 2013 deux drives et qui souhaite implanter un hypermarché, ainsi que l’ouverture du centre commercial Avaricum en plein cœur de l’agglomération avec ses 6 moyennes surfaces et ses 30 petites boutiques pour fin 2014 ou début 2015, Carrefour veut sa part du gâteau commercial Berruyer.

    Notons que l’actuel maire de Bourges a jusqu’à récemment bloqué l’agrandissement de la galerie marchande du Carrefour en lui refusant notamment son déplacement sur le site des anciens moulins d’Epis Centre et sur l’ancien siège régional de Champion, route de la Charité. On peut se féliciter de cette action passée. Néanmoins, le groupe Carrefour a ouvert sur le site de son ancien siège régional un petit hypermarché Carrefour Market Fenestrelay, qui rappelons le, a fait fermer le Champion de la Chancellerie (une grande supérette l’a remplacé dans le nouveau centre commercial du quartier), a participé à faire mettre la clef sous la porte du Aldi des Gibjoncs et du ED de Turly, fait transformer le Champion de Saint Germain du Puy en Carrefour Contact (donc plus petit et plus cher) et mis à mal le chiffre d’affaire du Carrefour Market des Gibjoncs. Quand à l’ancien site industriel des Moulins, propriété actuelle du groupe DKR (filiale de Babou), cet espace est en train de finir de se remplir de restaurants (Pizza Del Arte, Pat à Pain) et de magasins divers de grand taille (Babou, Chausséa, Animalis…).

    Par conséquent, le projet Carrefour Cœur Marais, ajoutant « que » 3000 m2 à l’actuel Carrefour, ne doit surtout pas être sous-estimé étant le plus dangereux projet pour l’agglomération. Au final, s’il est accepté, on se retrouvera avec un assez grand hypermarché de 12,300 m2 et une galerie marchande de 4.700 m2 avec presque 50 boutiques de moins de 300 m2 (27 de plus ?). Ce sont les tailles de magasins que l’on retrouve en centre ville ou sur le centre commercial Avaricum (hors les Zara, New Yorker, Monoprix ou Mango). La trentaine de boutiques en plus sur ce « deuxième centre ville au milieu des Marais » est quasiment équivalent au nombre de magasins de la rue Coursalon ou du centre commercial Avaricum.

    Il faut savoir qu’en 2008, la zone du Carrefour et de la route de la Charité générait 34% du chiffre d’affaire de l’agglomération. Le chiffre d’affaire du centre ville de Bourges, lui n’était que de 21%. Entre 2004 et 2008 ce chiffre d’affaire augmentait de 20% pour Carrefour et la route de la Charité alors qu’il baissait de 2% pour le centre ville. Ce constat ne laisse rien augurer de bon pour l’avenir. À ce rythme de croissance nous serons à 49% pour Carrefour et la route de la Charité et 20% pour le centre ville en 2016 !

    Comme disait le maire de Bourges lors de la pose de la première pierre d’Avaricum, début 2013, « Si nous ne faisons rien, notre ville mourra ». Il a entièrement raison. De ce fait, que font les élus et politiques de notre agglomération pour pérenniser le centre et la proximité commerciale ? Peu d’entre-eux semblent comprendre le péril futur qui se profile. Dans les paroles, ils défendent tous le centre ville et la proximité, mais dans les actes ils acceptent quasiment toutes les zones commerciales périphériques. À leur décharge, ils agissent quasiment tous de la même façon sur l’ensemble du territoire français. Le développement urbain de la France entière reste anarchique. On peut regretter que cela soit rarement un sujet de campagne électorale, locale ou nationale. À Vitré, Angoulême, Autun, Fumel, Poitiers, Perpignan, Châteauroux, Bergerac ou Vierzon, le même constat, les centres villes sont déjà mort ou commencent à mourir. Les exemples de villes et villages qui meurent de leur zone d’activité dans toute la France gagneraient à être répertoriés dans une encyclopédie (épaisse). Et ce phénomène n’est qu’un début.

    On assiste partout dans l’hexagone à une américanisation de nos espaces urbains, une France moche. Des zones commerciales le long des grands axes routiers, les mêmes partout. Aucune originalité, que de la consommation « hamburger » : « vite consommé, vite oublié ». À proximité de ces zones hideuses, des centres villes sans vie remplis de friches commerciales, de tours de bureaux entourées de vastes parking et d’une population miséreuse. Même la voiture, pourtant reine aux USA semble peu fréquenter ces endroits où juste la poussière s’attarde.

    Alors pourquoi s’acharne-t-on à continuer d’ accepter ces zones destructrices et sans vie ? Les élus jouent à SimCity, les constructions c’est l’illusion de l’action.

    Ainsi, le maire actuel de Bourges estime qu’il peut partir tranquille car un de ses (nombreux) grands chantiers ouvrira en grande pompe fin 2014 ayant bloqué les nouveaux magasins de Carrefour et consœurs jusqu’au commencement des travaux d’Avaricum. En synthétisant en une (longue) phrase son combat pour l’aboutissement d’Avaricum, il a commandé une étude économique, détruit des logements sociaux des années 60 plus aux normes, expulsé une locataire récalcitrante, fait fi d’une opposition municipale peu favorable au projet, convaincu des commerçants pour la plupart frileux face au grand commerce qui sera présent sur Avaricum, et enfin réalisé des fouilles archéologiques. Il a du également convaincre et négocier avec les élus de l’agglomération pour qu’ils retardent leurs projets commerciaux et votent pour le sien. Ainsi, ce « marchandage de tapis » se retrouve dans les votes des CDAC depuis plusieurs années. Tous, tendances politiques confondues et communes différentes, votent d’un seul homme. Les mêmes votent ensemble pour Avaricum, De Varye ou Carrefour ou contre le projet Intermarché en 2012.

    Juste la première pierre posée de son grand projet du centre ville, le 28/01/2013, que fait le grand Serge Lepeltier ? Et bien, il accepte (par l’intermédiaire de son adjointe au commerce) tous les autres projets commerciaux de l’agglomération. De ce fait, les principaux projets commerciaux ouvriront quasiment en même temps (2015) et leurs promoteurs commercialiseront leurs surfaces simultanément. C’est méconnaître le commerce et tuer le bébé dans l’œuf. Pas sur qu’ Urbanisme et Commerce (la société qui construit et commercialise le centre commercial Avaricum) apprécie le geste noble de notre grand politicien écolo-bâtisseur. C’est un véritable coup de poignard dans le dos. Des rumeurs disent même que Lepeltier, Tanton, Poulet et l’opposition municipale auraient menacé les associations de commerçants à Bourges de ne plus leur accorder de subventions s’ils faisaient un recours contre l’extension de Carrefour. Après, ce ne sont peut être que des rumeurs car selon des commerçants, les associations de commerçants n’ont plus de subventions depuis plus de 5 ans. Et pour la plupart, Carrefour n’est pas un danger comme peut l’être De Varye. Par conséquent, ils n’auraient aucune raison de faire un recours en CNAC. En tout cas, nous aurons compris que les rapports entre acteurs politiques et commerciaux sont tendus.

    Concernant les adjoints et héritiers du maire de Bourges, le son de cloche est le même. Danielle Serre, adjointe au maire de Bourges en charge du commerce déclarait dans le Berry Républicain du 5 janvier 2012 que « nous recherchons plutôt une complémentarité entre ce qu’offrent les entrées de Bourges et son centre ville ». Pour elle, les commerces du centre ville ne peuvent pas souffrir de la concurrence des commerces de périphérie (route de la Charité et d’Orléans). Cette question lui a été posée alors que devait se faire 22,000 m2 à De Varye (depuis le projet est de 15,900 m2). Dans le même journal en date du 5 juin 2013, elle déclarait : « Ce sont plutôt les grandes surfaces qui sont en train de se faire de la concurrence entre elles ». De plus, elle a toujours voté pour ces zones commerciales d’extérieur en CDAC.

    Pacal Blanc, premier adjoint de la ville et candidat à la mairie, dans son blog du 26/06/2013 affirmait : « Il est aberrant de croire que le développement d’une zone de chalandise nouvelle à l’extérieur de Bourges va mettre en péril les commerces de centre-ville. Au contraire. Dans la mesure où les offres commerciales sont complémentaires, que les marques proposées ne se retrouvent pas intra et extra muros, ces extensions vont permettre d’attirer encore davantage les clients des villes et des départements voisins…l’arrivée de nouveaux commerces dans l’agglomération berruyère se traduit par de nouveaux emplois. » Enfin, Alain Tanton, adjoint de la ville et président de Bourges Plus, lui aussi candidat à la mairie, semble discret sur ces agrandissements commerciaux périphériques. Mais au vu de sa gestion curieuse du supermarché de la Chancellerie et de sa bétonnite des champs agricoles aux alentours de l’autoroute, nous pouvons douter de ses convictions pro centre ville. Qui ne dit rien consent.

    Pour les socialistes, par la voix d’Irène Felix, Avaricum n’était pas bénéfique pour le centre ville. Maintenant, ils en ont pris leur partie et semblent s’opposer à l’agrandissement des zones commerciales de périphérie, notamment Carrefour. La tribune de l’opposition du journal municipal de juillet/août 2013, faite avec les communistes et les verts, est clair sur le danger du développements des zones commerciales extérieures. Notons qu’ils ont aussi distribué des tracts contre les extensions périphériques durant le mois de juin. Ces tracts, certainement un peu électoralistes, sont quand même encourageants dans la démarche pour la défense du centre ville. Toutefois, au regard des votes récents en CDAC, par des personnalités de gauche, proches ou non des socialistes de Bourges, on peut encore émettre des doutes à cette prise de position récente. Le 7 Février 2011, monsieur Jolivet, adjoint au maire de Saint Germain du Puy et monsieur Méchin, représentant le Conseil Général, votaient pour l’agrandissement de la galerie marchande de Géant Saint Doulchard. Le 19 Décembre 2011, monsieur Camuzat, maire de Saint Germain du Puy et monsieur Goudy, représentant le CG, accordaient une nouvelle zone route de la Charité de 3,500 m2 (zone Grand Frais et Darty). Le 03 Avril 2013, monsieur Jolivet, et monsieur Beuchon représentant le CG, donnaient avis favorable au parc commercial De Varye. Enfin le 23 Mai 2013, monsieur Jolivet et monsieur Goudy, accordaient le droit à Carrefour de faire sa galerie marchande de 4.700 m2.

    Du côté des communistes berruyers, au vu de la gestion de la route de la Charité (une grande partie est sur Saint Germain du Puy, municipalité communiste), des votes en CDAC et de la détermination de transformer l’ancien imprimerie Tardy en zone commerciale ( au départ l’opération de rachat du bâtiment était pour sauver l’entreprise), on peut vraiment douter de leur volonté à faire reculer les zones commerciales périphériques.

    Enfin, pour les verts, par principe ils sont contre ces zones bénéficiant totalement à l’usage automobile. On ne les entend pas beaucoup pour l’instant sur la question. De plus, beaucoup des membres et sympathisants sont en décalage avec une grosse partie de la population sur la façon de concevoir le commerce de centre ville et de proximité. On peut certes rêver de centre ville et de quartiers avec des petits commerces, indépendants, différents des autres villes, locaux, écologistes, dans des zones piétonnes…on peut rêver en effet.

    Alors, si presque tout le monde ne semble pas inquiet de la croissance exponentiel du Carrefour Cœur Marais, pourquoi lutter contre et faire tout pour faire capoter ce projet ?

    Carrefour Cœur Marais amènera peu de nouveaux magasins. Il ne faut pas croire qu’avec cette galerie moderne, nous aurions 25 magasins de plus sur notre agglomération. La plupart des magasins seront des doublons, des triplons ou feront déplacer des commerces du centre ville ou des zones commerciales alentours. A l’instar du dernier agrandissement de Géant Saint Doulchard avec sur les 6 nouvelles enseignes, 1 seule de réellement nouvelle. En effet, 2 sont déjà présentes en centre ville (Camaieu et Yves Rocher), 2 sont route de la Charité (Bréal et Bonobo) et 1 était déjà présente dans le centre commercial (Nocibé). Pareillement, la construction de la nouvelle zone du Babou devait offrir de nouveaux magasins. Un certain nombre sont juste des déplacements sur la zone de la route de la Charité laissant des friches commerciales sur les anciens emplacements.

    Carrefour Cœur Marais sera à l’origine de nombreux locaux commerciaux vides sur le centre ville et sur Avaricum. En effet, Avaricum n’a certainement pas encore vendu toutes ses petites surfaces et sera en concurrence frontale avec Cœur Marais. Pour des enseignes non présentes sur l’agglomération, elles ont maintenant le choix entre Avaricum devant faire de lourds investissements et Carrefour/Klépierre construisant un hangar de poutre d’acier sur un parking qui ne lui avait presque rien coûté. La concurrence est déloyale et Klépierre cassera peut être les prix au mètre carré de ses baux commerciaux pour remplir son nouveau temple du commerce. Facile lorsqu’on n’a pas de contrainte et que le terrain agricole est bradé. Certains commerçants du centre ville préféreront avoir un autre magasin à Carrefour ou carrément se transférer dans ce nouvel espace soit disant moderne avec son parking gratuit. La plupart ne voient pas l’intérêt de se déplacer sur Avaricum, car pour eux ce centre est trop proche de leurs magasins et son parking est sous dimensionné (350 places) Ce dernier argument est faux car, par exemple, au centre commercial des Cordeliers en centre ville de Poitiers, il y a 290 places, aux 4 chemins à Vichy 450 places ou à l’Espace Nayel à Lorient 330 places.

    Carrefour Cœur Marais n’aura pas une offre complémentaire avec les boutiques du centre. Une marque différente peut concurrencer une autre marque. Ainsi Cultura ou Boulanger à Saint Doulchard concurrencent la FNAC au centre ville. Ils ont quasiment les mêmes produits souvent à des prix peu différents.

    Carrefour Cœur Marais ne fait que renforcer la zone de la route de la Charité. Il y a un phénomène qui s’observe dans le commerce, plus vous avez de boutiques à un endroit, plus de boutiques viendront s’installer à cet endroit. Imaginez que Leclerc implante un Espace Culturel sur la zone de la route d’Orléans à proximité du Cultura et bien la FNAC aura toutes les chances de venir sur cette même zone (des propositions lui ont été déjà faite, elle ne pourra pas rester éternellement en centre ville si cette évolution de la croissance commerciale périphérique se poursuit). Concernant la route de la Charité, il y a 5 ans, il n’y avait quasiment pas d’espace de restauration. Maintenant les ouvertures s’enchaînent (Pat à Pain, Pizza Del Arte, Shanghai Wok, Flunch, KFC…), du loisir commence à s’implanter dans la zone (le Laser Quest) et demain tout le monde verra nécessité d’avoir un nouveau multiplexe de cinéma et un espace aqualudique dans cette zone soit disant vitale pour s’amuser et se détendre.

    Carrefour Cœur Marais n’est pas une locomotive commerciale pour le centre ville. Une galerie marchande d’un hypermarché ne sert qu’à animer cette hypermarché. Ce n’est pas comme Avaricum qui aura des locomotives commerciales servant à ramener des chalands en centre ville grâce à ses magasins de notoriété. Si vous allez à Zara, vous pourrez aussi aller rue Mirebeau ou place Gordaine.

    Carrefour Cœur Marais n’est pas un magasin de proximité ou un centre de quartier comme peut l’être le Val d’Auron, les magasins du Carrefour de Pignoux ou comme aurait put l’être le centre de la technopôle (éco-quartier) Lahitolle. Au passage M. Tanton ne se vantera pas de cet échec commercial lors des différentes inaugurations dans ce quartier. Pour être du commerce de proximité, une partie de vos clients doivent s’y rendre par de courts déplacements à pied ou à vélo. À Bourges, au delà d’un kilomètre, ce n’est plus de la proximité. Quand on trace un cercle autour de Carrefour d’1 km de diamètre, il est clair qu’il n’y a quasiment aucun habitant dans ce périmètre. Par contre, Intermarché aux Danjons pourrait être de la proximité comme l’est par exemple Carrefour Market route de Dun (proximité ne veut pas dire qu’il faut accepter 1 hypermarché et 9 magasins comme pour l’Intermarché).

    Carrefour Cœur Marais est un renfort de la mono-fonctionnalité de l’espace urbain de l’agglomération. Dans notre agglomération, les quartiers ont de plus en plus une seule fonction (habitat, travail, commerce). Ainsi, par exemple le Val d’Auron accueille de plus en plus d’habitat, la zone de l’échangeur de l’emploi et la route de la Charité du commerce. À l’inverse, Bourges Nord est un quartier ayant une mixité fonctionnelle. Vous y trouvez du commerce, de l’habitat, des services et loisirs ainsi que de l’emploi (EPIS Centre, Crédit Agricole…). Les conséquences en terme de déplacement de la mono fonctionnalité sont désastreuses. Prenons l’exemple des transports en bus : le centre ville et les quartiers périphériques sont facilement desservis par un réseau en étoile (optimal). Si vous voulez desservir entre eux les quartiers périphériques, imaginez le réseau qu’il faudrait avoir, un gouffre financier sur des lignes peu rentable au kilomètre. Également, la rocade va se retrouver de plus en plus bouchonnée car elle sert à relier ces quartiers éloignés. La fausse solution serait de la doubler en nombre de voies. Notons que les socialistes font une erreur de vouloir boucler cette rocade. Par exemple, à Atlanta aux USA, on peut se retrouver dans des bouchons importants sur une 2 fois 7 voies, oui vous avez bien compris sur une route à 14 voies.

    Carrefour Cœur Marais est un aspirateur à voiture. Que l’on ne nous fasse pas croire qu’une partie des clients de Carrefour s’y rendront à pied ou à vélo, malgré que la CDAC insiste sur le fait qu’une nouvelle piste cyclable sera créée pour aller à Carrefour et que les élus vous racontent que la ligne 4 du bus sera augmentée en terme de fréquence pour permettre une meilleure desserte du Carrefour. Vous en voyez beaucoup actuellement de clients à pied, à vélo ou en bus fréquentant Carrefour ? Alors que sur le centre ville ou les commerces de proximité cette proportion est bien plus grande. On peut estimer que plus de 90% des achats dans les zones commerciales périphériques se font en voiture. Les clients y vont même en voiture pour de petits achats. À l’inverse, si on prend le cas des Allées Provençales au centre d’Aix en Provence, 71% des visiteurs s’y rendent à pied. Notons que 96% des achats en centre ville pèsent moins de 10 kg ou 33% des clients portent moins de 1 kg, la voiture n’est donc pas toujours une nécessité. Sachons également que 18% des ménages de l’agglomération n’ont pas de voiture, ils feront comment quand il n’y aura plus que ces zones commerciales périphériques ? Il ne faut pas adapter le transport à l’urbanisme mais le contraire.

    Carrefour Cœur Marais n’est même pas le paradis de la voiture, du vélo, du bus ni du piéton. Pour rejoindre l’hypermarché Carrefour depuis le parking vous pouvez faire jusqu’à 250 mètres, au Monoprix d’Avaricum ce sera que quelques dizaines de mètres. Question bouchon, la Chaussée de Chappe ne pourra pas absorber longtemps le flux d’automobiles qui sera croissant si Carrefour s’agrandit (un KFC et un autre hangar commercial est prévu autour). Pour le bus, les habitants de Saint Germain apprécieront de rallonger le temps de parcours de leurs voyages à cause de ces bouchons. Enfin, les cyclistes ont déjà du mal à rentrer ou sortir de la piste cyclable de la Chaussée de Chappe, alors avec plus de monde sur les routes elle deviendra inutilisable.

    Carrefour Cœur Marais n’est pas synonyme de nature et d’écologie. Oui c’est un hangar sans forme et peu écologique. Les améliorations (quelques arbres, des gadgets écologiques) n’y feront rien cela restera de la tôle sur du bitume. Ainsi selon la CDAC, Géant devait verdir son parking : « le projet permet de procéder à la requalification d’un parking, créé il y a 35 ans et intégralement recouvert de bitume, par la végétalisation et l’aménagement paysager ». Et bien, on y trouve une fois les travaux finis une petite vingtaine d’arbres pour un immense parking. Avaricum : c’est du béton, mais sur 1.2 hectares on retrouvera un parking de 370 places, 9500 m2 de commerces et 81 logements. Carrefour : c’est de la tôle sur 9.8 hectares avec juste du commerce, le tout étant naturellement entouré d’une nappe de bitume qui servira de parking. L’écologie c’est de la densité afin de préserver les espaces agricoles et naturels. Si les deux projets étaient chacun sur 10 hectares, Avaricum serait entouré d’un parc de 8,8 hectares (2 fois le jardin des Prés Fichaux) alors que Carrefour juste 2000 m2. De plus, le projet de Carrefour risque de polluer notre eau potable. Dans la CDAC il est écrit : « la sensibilité du projet vis-à-vis du captage « Saint-Ursin » pour l’alimentation en eau potable de la ville de Bourges jouxtant le site nécessite une vigilance renforcée ». Nos hommes politiques sont extraordinaires : d’un côté (celui de la communication), ils se gargarisent de mots qui promettent la sauvegarde des terres, la transition écologique (voir par ex le SCOT berruyer) et de l’autre ils font exactement l’inverse de leurs écrits.

    Carrefour Cœur Marais ne créera pas énormément d’emploi, voir même en détruira. Les élus sont souvent les premiers à tomber dans le panneau, l’emploi étant un enjeu politique très sensible, en particulier dans notre département. Mais les promesses n’engagent que ceux qui les croient et l’on sait, notamment grâce aux travaux de Christian Jacquiau, expert-comptable et commissaire aux comptes, que la création d’un emploi dans la grande distribution s’accompagne de la destruction d’emplois dans un rapport de l’ordre de trois à cinq emplois détruits pour un emploi créé. Même si l’impact médiatique (et politique) de la création simultanée de plusieurs centaines d’emplois grâce à Cœur Marais serait plus fort que la destruction de plusieurs milliers d’emplois disséminés dans le temps et le territoire, nous ne pouvons souscrire à un projet qui anesthésierait un peu plus une économie locale et départementale déjà en difficulté. L’exemple du livre : « à proportions égales, la librairie indépendante représente une activité qui génère deux fois plus d’emplois que dans les grandes surfaces culturelles, trois fois plus que dans la grande distribution ». Ces zones détruisent donc la nature, les capacités agricoles, les emplois, la sociabilité etc. Et les profits ne sont pas réinvestis localement !

    Carrefour Cœur Marais participera à la baisse de votre pouvoir d’achat. Avec une baisse du pouvoir d’achat depuis 2008, de plus en plus de mètres carrés disputent de moins en moins d’argent disponible. Le résultat est/sera une bulle immobilière commerciale dont on parle déjà dans la presse spécialisée (les Échos 15/7/12). Qui va payer le prix de ce gaspillage ? Les collectivités ! Vous ! Ils empruntent pour faire les études, routes, rond-points dans l’espoir de faire rentrer de l’argent au moyen des taxes. Mais quand la bulle éclate les banques sauront à qui s’adresser pour les mensualités ! Ces grosses chaînes ne sont pas là pour faire de la philanthropie mais du commerce et des marges bénéficiaires… au frais des « futurs ex-commerçants » locaux d’abord et des habitants ensuite. On capte la clientèle, et quand elle est prisonnière faute d’alternative, on revient aux bon vieux principes du monopole.

    Sachant que Carrefour Cœur Marais n’est pas la solution, que faire ?

    Déjà espérons que le recours contre Carrefour aboutira en CNAC comme cela a été le cas pour De Varye. Espérons que les élus ont compris qu’il ne faut plus accepter de nouvelles zones périphériques.

    Espérons que les élus ne feront pas l’erreur du tout piéton en centre ville et du tout automobile à l’extérieur. La grande arnaque de ces 30 dernières années a été de faire croire que chasser les voitures des centres villes (zones piétonnes, tramway) était écologique et social alors que cela n’a fait que déplacer et même accroître le flux en périphérie, au détriment des commerces indépendants, des terres agricoles et zones sauvages. Il ne faut pas les chasser mais il faut les réduire sur toute l’agglomération pas que sur le centre ville.

    Espérons que les élus feront une politique intelligente du déplacement et du stationnement en centre ville. Différencier les parkings (payants de cœur de ville, pour résidents, de courte durée, gratuits de boulevard), bien les indiquer (panneaux clairs et précis), les rendre agréables et pas trop voyants. Éviter que les automobilistes traversent sans raison le centre ville et passent de façon fluide par les boulevards (suppression de feux, ondes vertes, rond point). Éviter les déplacements inutiles pour se rendre à un parking par des trajets directs. Quand vous venez du sud de l’agglomération vous vous garez au sud pour rejoindre à pied le cœur de ville. Favoriser les transports en commun pour le cœur de ville. Faire une politique intelligente du vélo et de son stationnement (un stationnement cyclable n’est pas un stationnement automobile). Faciliter les déplacements des piétons en mettant tous les trottoirs aux normes PMR et verbaliser les stationnements sauvages sur trottoir qui dissuadent les marcheurs.

    Espérons que les commerçants sauront proposer des animations efficaces, seront actifs pour faire avancer le centre ville (remboursement du parking aux clients fidèles, site internet pour connaître les magasins et ce qu’ils vendent, décoration des devantures, implantation de magasins originaux et différents…). Espérons que les commerçants du centre ville et de proximité seront agressifs question rapport qualité/prix face à ces zones extérieures.

    Espérons que les clients privilégieront le centre et la proximité. Par exemple en Allemagne, les grands centres commerciaux sont assez rares et les gens privilégient les petits supermarchés type Aldi, Lidl, Rewe,… situés dans les centres villes et dans les quartiers résidentiels. Cela permet d’aller faire ses courses à pied ou en vélo, à des prix généralement raisonnables, et en gagnant un temps précieux (moins de distance dans les rayons, moins de queue à la caisse …).

    Espérons que le centre ville et les centres de quartiers seront animés par des places et rues proposant de la rencontre et de la sociabilité (aire de jeux, fontaine pour piétons et non pour automobilistes, terrasses de café respirables et verdoyantes…).

    Finalement, après ce long pamphlet sur Carrefour et son non sens qui s’applique également à De Varye ou à l’hypermarché Leclerc, il faut que tous, élus, commerçants, clients, citoyens nous comprenions enfin nos erreurs et que nous nous dirigions dès maintenant vers la bonne voie : un centre d’agglomération et des centres de quartiers dynamiques et agréables.

  9. Encore une prise de position positive d’un élus, nous ne pouvons que s’en féliciter.

    EDITO DU 23 juillet 2013
    L’Eté à Bourges se déroule sans problème, il fait chaud, ce n’est pas encore la canicule, mais, il fait chaud.
    La politique est en sommeil et seule info depuis 3 semaines, le refus du Centre commercial de Saint Doulchard, qui, malgré l’unanimité de façade de tous les élus de Bourges et du département comportait de nombreuses failles.
    Attendre Avaricum et en reparler semble être une sage décision.
    @+ signé rn

    Énorme surprise de la Commission Nationale d’aménagement qui a refusé le projet de la zone commerciale de Saint Doulchard de 12000 M² (alors que Avaricum en centre ville n’a que 9000 M².)
    Il y avait eu unanimité a la commission départementale, y compris la ville de Bourges et le Conseil Général….
    « il faut donner le temps a Avaricum de,se faire et de bien marcher, avant de faire de nouveaux centres commerciaux » pour le Président des commerçants du Centre Ville.
    Mon Cher Velo se félicite de cette mesure qui va a l’encontre du Plan de Déplacement Urbain et du plan velo de l’agglo.
    Le maire de Saint Doulchard évoquant les 350 emplois et la réplique d’opposants avec la fermeture en même temps de petits commerces….

  10. Si une zone commerciale serait envisagée,ma logique pour l’implantation au sud de bourges route de chateauroux,avec ikéa,Auchan,un deuxième Décathlon,cultura,etc…..!
    L’équilibre me parait bien plus évident.Les commerçants du centre ville de toute façon un jours ou l’autre subirons et d’autre aurons une chance de s’implanter en périphérie.A l’avenir la population pourrais petit à petit augmenter,cela rajoute des emplois.Tous cela pourrais ce faire au fil du temps avec réflexion surtout parmi les élus .Enfin c’est mon avis,et bien sur tous le monde à le sien.

  11. Car toutes ces preconisations ont ete recemment mises de cote lorsqu il s est agit de voter plusieurs projets de developpement commercial qui verront le jour a la peripherie de Bourges. Au dela d etre en contradiction avec les principes edictes par ces documents, ces projets feront peser une menace considerable sur les commerces et services de centre ville et de proximite, les seuls a meme de promouvoir une mobilite active et un lien des courtes distances.

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